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Algérie: des femmes abandonnées par leur mari après un cancer du sein

L’ablation du sein suite à un cancer reste taboue en Algérie. Des centaines de femmes ayant subi une mastectomie sont rejetées par leur mari. Une double souffrance pour ces malades qui doivent lutter contre le cancer et le regard des autres.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min

«Le cancer? C’est rien comparé au fait d’être rejetée après 18 ans de mariage», témoigne à l’AFP une femme abandonnée après une ablation du sein suite à un cancer. Pour son mari, elle était devenue une «noss mara» (demi-femme). Ses trois enfants l’ont soutenue face à leur père.
 
Une maladie honteuse
Il aura fallu des années pour que ces femmes racontent leurs souffrances. Toutes celles qui ont accepté de parler le font d’une manière anonyme. «Elles considèrent leur maladie comme honteuse», explique Samia Gasmi, présidente de l’association Nour Doha (Lumière du jour) qui vient en aide aux malades du cancer. Elle raconte qu’une femme a préféré «mourir avec ses deux seins plutôt que d’accepter une ablation». Une autre malade s’est mise à porter le hijab (foulard islamique) avant la chimiothérapie pour que sa belle-famille ne se doute de rien.
 
L’humiliation
La plupart des femmes ayant subi une ablation du sein après un cancer souffrent énormément du regard des autres et notamment de celui des hommes. Elles sont souvent humiliées avant d’être abandonnées. «Je veux une femme entière, pas un trois-quarts de femme», a dit un homme à sa fiancée dès qu’elle lui a annoncé sa maladie et l’ablation du sein qu’elle venait de subir en urgence. Une autre jeune femme a préféré prendre les devants peu après une mastectomie en rompant elle-même ses fiançailles.
 
L’accès à la reconstruction mammaire existe, mais il est difficile. Les hôpitaux publics où l’opération est gratuite sont surchargés et dans le secteur privé, l’intervention est très chère.
Le cancer du sein touche chaque année entre «9000 à 10.000 femmes», affirme Farid Cherbal, professeur de génétique du cancer à l’université d’Alger.

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