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Cameroun : Emmanuel Macron de nouveau sollicité pour obtenir la libération d'un détenu

Paul Chouta, un web journaliste, est depuis près d'un an en détention provisoire dans une affaire de diffamation.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Paul Biya, président du Cameroun, et Emmanuel Macron, le 10 octobre 2019, lors d'une rencontre à Lyon sur la lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria. (LAURENT CIPRIANI / POOL)

Lors de sa visite du Salon de l’agriculture à Paris le 22 février 2020, le président Macron est interpellé par un homme sur le sort de militants politiques emprisonnés au Cameroun. Loin d’être repoussé par le service d’ordre, l’homme peut même engager la conversation. Il s’agit de Calibri Calibro, un des leaders de la "brigade anti-sardinards" (BAS).

A l’image des "combattants congolais", la "brigade anti-sardinards" boycotte les artistes proches du pouvoir de Paul Biya. Mais elle œuvre aussi pour le respect des libertés fondamentales au Cameroun.

2533 prisonniers politiques

Depuis la rencontre du Salon de l'agriculture, une longue liste de 2533 prisonniers politiques camerounais a été remise aux services de la présidence française. Y figurent des séparatistes anglophones, mais aussi des journalistes, et des militants du parti du chef de l’opposition Maurice Kamto. Ce dernier a lui-même été détenu près de neuf mois en 2019, jusqu’à ce que le président Paul Biya décide de l’arrêt des poursuites. Une décision prise après une forte pression internationale, et en particulier de la part d’Emmanuel Macron.

Les militants de la BAS voudraient que le président français intervienne en particulier pour faire sortir de prison un web journaliste, Paul Chouta. Il est placé sous mandat de dépôt provisoire depuis bientôt un an à la prison de Kondengui, à Yaoundé. Précédemment, Reporters sans frontières a tenté, en vain, d’obtenir sa libération.

L’affaire Calixte Beyala

L’incarcération semble en effet totalement disproportionnée à l’affaire, une plainte pour diffamation déposée par l’écrivaine franco-camerounaise Calixte Beyala. Paul Chouta est accusé d’avoir posté sur sa page Facebook une vidéo de l’altercation de Calixte Beyala avec un homme présenté comme étant son amant. Il a reconnu les faits, s’en est excusé et a obtenu le pardon de l’écrivaine. Mais cela n’a pas suffi.

Les proches de Paul Chouta parlent de prétexte. Il s’agit, selon eux, de faire taire le lanceur d’alerte. Et de rappeler, comme le 11 février devant l’ambassade du Cameroun à Paris, que sept journalistes sont détenus au Cameroun.

Qui sont les anti-sardinards ?

Tout comme les "combattants congolais" pour la RDC voisine, les "anti-sardinards" sont des membres de la diaspora qui se revendiquent résistants et patriotes, opposés au régime en place. Sa porte-parole, Salomène Tchaptchet, explique à TV5 Monde qui ils sont: "des combattants de la diaspora camerounaise, soucieux de défendre les intérêts du peuple, en menant des combats nobles et justes, contre tous ceux qui, de près ou de loin, apportent leur soutien à une tyrannie qui dure depuis trente-six ans au Cameroun."

"Sardinard" vient du sobriquet dont sont affublés les supporters de Paul Biya. En effet, lors de ses meetings, Paul Biya avait coutume d’offrir un sandwich à la sardine aux participants. Le mouvement BAS est du reste apparu lors de la présidentielle camerounaise de 2018. Et depuis, ses membres militent pour le respect des droits de l’Homme dans leur pays. Tout comme les "combattants congolais", ils font également pression pour empêcher les artistes camerounais jugés proche du pouvoir de se produire à l’étranger.

Quant à Paul Chouta, tous souhaitent sa libération rapide, grâce à l'intervention du président français.

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