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"Celui qui ne tabasse pas sa femme n’est pas un homme" : une émission de télé marocaine suspendue

Les propos du très populaire chanteur Adil El Miloudi ont été sanctionnés par la Haute autorité de la communication audiovisuelle marocaine..

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une Marocaine, victime de violences conjugales, arrive le 28 février 2006 dans les locaux de l'Union de l’action féminine (UAF) à Rabat. (ABDELHAK SENNA / AFP)

"Celui qui ne tabasse pas sa femme n'est pas un homme", a déclaré le très populaire chanteur Adil El Miloudi, soulevant des rires complices de l'acteur Sami Naceri et de l'animateur de l'émission Kotbi Tonight sur Chada TV, en juin dernier. Une complaisance qui a valu, le 17 septembre 2019, une suspension d'antenne à l'émission et un déferlement de réactions sur les réseaux sociaux. 

L'animateur a beau rappeler en plaisantant que "c'est interdit de frapper sa femme partout dans le monde", le chanteur persiste.

Au Maroc, cela est normal, chacun peut faire ce qu'il veut de sa femme, la frapper, la tuer.

Adil El Miloudi, chanteur

à Kotbi Tonight

Ces propos "constituent une apologie de la violence à l'égard de la femme, une incitation expresse à cette violence, présentée de manière positive comme un attribut de la virilité, (...) voire même un comportement recommandable pour la consolidation des liens conjugaux", s'indigne le communiqué de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA).

"Ton badin"

Face à ce "discours explicitement violent", l'animateur a adopté "un ton badin" et "laissé toute latitude à l'invité de répéter ses assertions appelant à la violence à l'égard des femmes", poursuit le texte. Aucune mention n'est faite de l'attitude de Samy Naceri, lui aussi très en phase avec le chanteur.

L'émission Kotbi Tonigh sera donc suspendue pendant trois semaines, selon la HACA. A ce stade, aucune poursuite judiciaire n'a été engagée contre Adil El Miloudi malgré des flots de réactions outrées sur les réseaux sociaux marocains. Les attitudes misogynes et sexistes sont monnaie courante au Maroc et rarement condamnées par les autorités.

Précédent

Dans ce contexte, la HACA a jugé particulièrement important de transmettre sa décision à "la presse féminine, aux ONG féminines et droits de l'Homme, aux organisations internationales: ONU Femmes, Unesco, etc.", indique le mail accompagnant son communiqué.

L'an dernier, la HACA avait sanctionné une émission radio de Chada FM, parce qu'un chroniqueur présenté comme un "guérisseur" avait affirmé à l'antenne que "les femmes les plus exposées au cancer de l'utérus sont celles qui ont recours à la prostitution ou à l'adultère".

La presse marocaine, citant l'Observatoire national de la violence à l'égard des femmes, rappelle que 81 femmes ont été tuées en 2016, victimes de violences conjugales.

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