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Côte d’Ivoire: malgré les renforts de police, les «microbes» sévissent toujours

On les appelle les «microbes». Petits mais extrêmement dangereux. Des enfants de 10-12 ans, organisés en bandes qui écument les rues des quartiers populaires d’Abidjan. Très violents, ils agressent et dépouillent les passants. Parfois même, ils tuent. Un phénomène d’enfants des rues difficile à faire disparaître.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Devant un commissariat à Abidjan, en Côte d'Ivoire. (SSOUF SANOGO / AFP)

Ils seraient plusieurs centaines d’adolescents à vivre ainsi. Ils sont apparus au début des années 2000 à la faveur des crises politico-militaires qui ont secoué le pays et détruit son économie. Des enfants soldats à la solde de l’un ou l’autre camp. En 2011, le phénomène a atteint son paroxysme. Mais depuis le retour au calme politique, les «microbes» sont protégés par des caïds de quartier ou d’anciens rebelles. Ils s’adonnent autant au trafic de drogue qu’au racket des chauffeurs de taxis collectifs.

Les gangs sont issus des quartiers pauvres d’Abidjan où ils recrutent. Le rapport réalisé par l’ONG Indigo montre clairement que l’engagement dans la violence de ces jeunes relève d’abord d’un besoin de subsistance.

«En effet, dans le cercle familial restreint du jeune, des pressions fortes sont exercées sur certains jeunes pour s’engager dans la violence. Dans la commune d’Abobo par exemple, le rôle de pourvoyeur de ressources économique assigné aux enfants reste prégnant ‘’ Les femmes […], nos sœurs là, exploitent leurs propres enfants. Elles voient l’immédiat ; les cinq francs-cinq francs qu’elles gagnent là, c’est ce qu’elles voient ‘’»


Un de ces enfants des rues raconte son itinéraire à l’AFP. Il arrête l’école dès l’âge de sept ans pour fréquenter «les grands» de la rue. «Je voyais des gens se battre, ça me plaisait beaucoup, j'ai voulu les rejoindre. Je me suis retrouvé avec les gars les plus forts d'Abobo, j'étais fier! J'aimais leur manière de vivre», explique-t-il à Issouf Sanogo, le journaliste. Puis, mis à la porte de chez lui par son père, c’est la vie de gang avec une quarantaine d’enfants de son âge dont il va vite devenir le chef. Lui n’a jamais tué personne dit-il, d’autres si!

«Le microcosme créé par ces jeunes est un miroir de notre société et des cultures du bluff, de l’argent et de la consommation à tout prix qu’elle promeut», résume au journal Le Monde le sociologue Francis Akindès sur le comportement de ces «microbes».

Parallèlement, les pouvoirs publics ont mis en place une structure de réinsertion de ces jeunes délinquants. «774 ex-microbes ou enfants en conflit avec la loi ont été resocialisés» depuis fin 2016 annoncent les autorités. Aucun bilan n'est donné, mais selon le site internet, les jeunes âgés de 8 à 25 ans sont soit retournés à leurs études, soit ont trouvé un travail.


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