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Des milliers d'Africains pris dans la tourmente de la guerre civile au Yémen

Près de 100.000 migrants, principalement originaires de la Corne de l'Afrique, ont fui en 2017 leurs pays pour arriver au Yémen, malgré la guerre et la crise humanitaire qui ravage ce pays, affirme l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Ils espéraient atteindre les pays arabes du Golfe plus prospères. Beaucoup ont également été enrôlés comme mercenaires dans ce conflit meurtrier.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Migrants africains aux mains des forces pro-gouvernementales yéménites soutenues par l'Arabie Saoudite. (AFP PHOTO / SALEH AL-OBEIDI)

Fuyant la violence et la pauvreté dans la Corne de l'Afrique, notamment en Erythrée, en Somalie et en Ethiopie, quelque 7.000 migrants entrent au Yémen chaque mois. Le nombre total des arrivées pour 2017 a atteint près de 100.000, a précisé l'OIM dans un communiqué. «Ces migrants espèrent atteindre les pays arabes du Golfe plus prospères, et sont à la merci des contrebandiers», explique l'organisation.

Quitter la misère pour la guerre
Les plus chanceux trouvent un travail clandestin, indique l'OIM. Les autres sont exposés aux mauvais traitements et à la violence, quand ils ne sont pas enrôlés de force par la coalition menée par les Saoudiens impliqués dans le conflit qui déchire le pays.

«En route et une fois au Yémen, de nombreux migrants tombent dans les mains de trafiquants et d'autres criminels, subissent des abus physiques et sexuels, des détentions arbitraires pendant de longues périodes, du travail forcé, ces abus conduisant parfois à leur mort», a souligné l'OIM.

Ils ont fui la misère et la violence de la Corne de l’Afrique mais se retrouvent dans un pays en guerre. Au Yémen, plus de 10.000 Yéménites ont été tués en trois ans de conflit qui oppose les forces yéménites (soutenues par l’Arabie Saoudite) et les rebelles houthis (soutenus par l’Iran) qui contrôlent la capitale Sanaa.

Mercenaires africains
Face au «manque de bras», le royaume saoudien et les Emirats arabes unis ont demandé l'aide d'autres pays, tout particulièrement africains.

Un millier de Soudanais ont été recrutés comme mercenaires, payés 1000 euros par mois par de l’argent saoudien. Un grand nombre seraient morts dans la première année du conflit.

Le Maroc, de son côté, a engagé six chasseurs bombardiers F-16 dans les combats et en a déjà perdu un, avec son pilote, abattu par les rebelles.

Du côté du Sénégal, on reconnaît avoir promis 2.100 soldats pour le Yémen. De même la Mauritanie a mis 600 hommes à la disposition de la coalition saoudienne.

Funérailles du lieutenant Yassine Bahti, pilote du F16 marocain qui s'est écrasé lors d'une mission au Yémen, le 20 mai 2015, au cimetière Al-Shuhada de Casablanca. (Abdelmajid El Bidaoui Errifi/AGENCE ANADOLU/AFP)

Plusieurs opposants africains ont fait état, à maintes reprises depuis 2015, de l'envoi au Yémen de «mercenaires» du Niger, du Mali, du Sénégal, de Somalie et d'Erythrée. Le Tchad et l’Ouganda y ont également envoyé des hommes ces derniers mois.

Ougandais et Tchadiens
Selon plusieurs sources, les Ougandais seraient en force dans les zones de la côte Ouest du Yémen. Ils seraient intégrés aux forces du fils d'Ali Abdallah Saleh, l'ancien président yéménite. Officiellement, l'Ouganda nie catégoriquement sa participation. Mais les opposants saoudiens, émiratis, citent le nom d'une conseillère du président ougandais, Najwa Kdah, qui aurait elle-même conclu un accord avec les Emirats pour envoyer 8.000 hommes au Yémen.

On ne connaît pas le montant des contreparties financières accordées par Ryad.

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