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Egypte: une nouvelle loi punit les fausses informations sur les réseaux sociaux

Le parlement égyptien a adopté, le 10 juin 2018, un nouveau projet de loi sur la régulation des médias qui vient remplacer celui de 2016. Le texte controversé s’applique aussi aux utilisateurs influents des réseaux sociaux.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les logos des réseaux sociaux sur un téléphone portable  (Silas Stein / DPA)

En Egypte, un compte privé Twitter ou Facebook avec plus de 5000 abonnés est considéré comme un média. La nouvelle loi prévoit explicitement des sanctions s’il y a diffamation ou publication de fausses nouvelles. C’est l’une des principales nouveautés de ce texte truffé de contradictions.
 
Fausses informations 
La nouvelle loi «interdit la publication et la diffusion de fausses informations» dans la presse, sur les sites électroniques et les réseaux sociaux. C’est le Conseil supérieur des médias qui tranche. L’organisme gouvernemental dirigé par un proche du président al-Sissi a toutes les prérogatives pour «suspendre ou bloquer» les sites et les comptes incriminés. La chasse aux fausses informations sur les réseaux sociaux s’apparente à une censure gouvernementale. 
 
Et fausse liberté
Le nouveau texte met l’accent sur la liberté d’expression «garantie par l’Etat» (art.2)  et précise que «toute censure, blocage ou fermeture d’un média est interdite» (art.3). Mais, paradoxalement, les articles suivants notent qu’il est «interdit aux médias de publier des articles contraire à l’ordre public».

La liberté d’expression s’arrête quand il s’agit d’«ordre public», de «sécurité de l’Etat» ou d’«incitation à la haine», des mots passe-partout qui restent à définir.

Blocages et prison
La nouvelle législation rétablit par ailleurs la détention préventive pour les journalistes en cas d’infraction.

La promulgation de cette nouvelle loi fait craindre un contrôle renforcé des réseaux sociaux, dernier espace de liberté, alors que les médias sont verrouillés.

Selon Reporters sans frontières, 30 journalistes-citoyens et blogueurs sont actuellement détenus en Egypte et plus de 400 sites ont été bloqués depuis un an.  

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