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La santé d'Ali Bongo Ondimba, sujet tabou au Gabon

Evoquer la maladie du président gabonais Ali Bongo Ondimba, qui devrait être évacué vers le Maroc après une hospitalisation en Arabie Saoudite, et ses conséquences politiques n'est pas de bon ton aujourd'hui dans le pays. Des manifestants ont été arrêtés, des médias ont été suspendus et un parti d'opposition vient d'être interdit d'accès au réseau d'information public.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président gabonais Ali Bongo Ondimba, le 11 octobre 2018 à Londres, lors d'un discours prononcé pendant la conférence sur le commerce illégal d'espèces sauvages.  (Chris Jackson / POOL / AFP)

Le bulletin de santé du président gabonais, Ali Bongo, est une question sensible depuis son hospitalisation en Arabie Saoudite, où il a été victime d'un accident vasculaire cérébral (AVC).

Le président Bongo, hospitalisé depuis le 24 octobre 2018 dans la capitale saoudienne Ryad, va prochainement être transféré à Rabat, au Maroc, dans un établissement hospitalier «pour une période de convalescence et de rééducation», selon une source proche de la présidence. L'information n'a cependant pas encore été confirmée par les autorités gabonaises.

Depuis son hospitalisation, la présidence gabonaise n'a communiqué qu'à deux reprises sur l'état de santé du chef de l'Etat, le 28 octobre et le 11 novembre 2018, sans jamais préciser le mal dont il souffre.

La rareté des informations officielles sur l'état de santé du président gabonais a alimenté les rumeurs et fausses nouvelles les plus alarmistes, principalement sur les réseaux sociaux. Mais la moindre critique sur cette communication a minima n'est pas appréciée par le pouvoir.

Pas de commentaire
La dernière sanction en date vise l'un des principaux partis d'opposition du Gabon, l'Union nationale (UN). Il a été interdit de médias publics pour trois mois, a annoncé le 23 novembre 2018 la Haute autorité de la communication (HAC). 

Il est reproché à ce parti, dirigé par Zacharie Myboto, d'avoir par deux fois refusé de venir s'expliquer à la HAC sur un communiqué où il parlait de «mensonge d'Etat» au sujet de la communication officielle sur la santé du président Omar Bongo Ondimba. 

Début novembre, le journal gabonais L'Aube avait été également suspendu par la HAC pour trois mois pour avoir publié un article sur la santé du président gabonais. Le rédacteur en chef de la parution a été aussi suspendu pour six mois.

L'ONG Reporters sans Frontières (RSF) a d'ailleurs dénoncé une «inquiétante érosion de la liberté de la presse» au Gabon après l'annonce de cette suspension. Fin octobre, la télévision camerounaise Vision 4 avait déjà subi le même sort, pour avoir annoncé la mort du chef de l'Etat en direct. 

Mi-novembre, pour pallier l'absence d'Ali Bongo, la Cour constitutionnelle du Gabon a modifié la loi fondamentale, une décision dénoncée avec véhémence par l'opposition et la société civile qui ont parlé de «coup de force». La Cour, présidée depuis 1991 par Marie-Madeleine Mborantsuo, pilier du régime Bongo, a ajouté un alinéa à la Constitution prévoyant qu'en cas «d'indisponibilité temporaire», certaines fonctions normalement dévolues au président puissent être exercées par le Premier ministre ou le vice-président.

Une centaine de Gabonais ont encore protesté le 24 novembre 2018 à Libreville contre la «manipulation de la Constitution». La veille, lors d'un autre rassemblement interdit d'une vingtaine de personnes, neuf manifestants ont été arrêtés.

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