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Le ministre Mohamed Aïssa dénonce des complots visant «l’implosion» de l’Algérie
Le ministre algérien des Affaires religieuses et des Wakfs a mis en garde, à la radio nationale, contre des complots ourdis contre son pays. Selon lui, des millions de dollars sont versés pour le compte d’intérêts étrangers visant l’implosion de l’Algérie en petits Etats sectaires. Des armes et des agents de services de renseignements étrangers seraient même introduits dans le pays à cette fin.
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Dans une intervention aussi alarmiste qu’énigmatique le 2 avril 2018, sur la chaîne 1 de la Radio nationale algérienne, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs (biens religieux en arabe) a dénoncé des complots ourdis depuis l’étranger contre son pays, sans plus de précision.
Des complots très élaborés selon lesquels les frontières n'existent plus
«L’Algérie est ciblée par des plans, fomentés par des services secrets de pays étrangers visant son implosion», a déclaré Mohamed Aïssa sur les ondes. Des complots très élaborés selon lesquels «les frontières n’existent plus et l’appartenance à une secte ou courant religieux prend le dessus et devient la nouvelle identité qui prime sur la patrie», a-t-il expliqué.
Objectif de ces conspirations, selon lui, «la partition de l’Etat-nation en petits Etats sectaires à travers une guerre par procuration que se livreront des factions religieuses, à travers l’introduction de nouvelles doctrines religieuses».
«Des millions de dollars sont consacrés à ce genre d’opérations pour le compte de cercles et d’intérêts étrangers», a-t-il ajouté, sans dire lesquels.
Même flou lorsqu’il affirme: «Parallèlement à ces plans diaboliques, il y a l’introduction d’armes de guerre via les zones frontalières et l’infiltration des agents de services de renseignements étrangers.»
Selon lui, c’est un rapport transmis via l’ambassade d’un pays étranger au ministère algérien des Affaires étrangères qui a alerté les autorités sur ces «tentatives d’intervention menées par des officines étrangères dans le sillage du printemps arabe en 2011».
Des services qui tentent de profiter du chaos régional
Des services qui tentaient de chevaucher la vague de soulèvements populaires dans la région et de mettre à profit le chaos et l’anarchie qu’ils faisaient régner à l’époque pour s’infiltrer et s’installer en Algérie. Il s’agit de la secte des «ahmadis» dite également ahmadiyya «interdite depuis en Algérie», aurait indiqué Mohamed Aïssa.
Ces déclarations du ministre des Affaires religieuses interviennent cependant quelques jours après la polémique créée par le cheikh salafiste, Mohamed Ali Ferkous, affilié au courant wahhabite saoudien.
Ce prédicateur, ainsi que deux autres salafistes algériens, Abdelmadjid Djemaa et Lazhar Snigra, ont en effet été désignés chefs du courant wahhabite en Algérie par une note manuscrite du cheikh saoudien, Mohamed Ben Hadi Ben Ali al-Makdali, une référence du salafisme mondial, datée du «21 Rabi’ Al Akhar 1430» du calendrier de l’hégire (le 8 janvier 2018 du calendrier grégorien).
A peine adoubé par son parrain, cheikh Ferkous a publié sur son site internet une fatwa excommuniant des pans entiers de la société: les ibadites, les soufis, les frères musulmans, ainsi que les militants des droits de l’homme, ceux des droits des femmes, les contestataires, les grévistes, qu’il qualifie d’«ahl al-bidaa», ou «partisans des passions».
L'Etat va combattre l'idéologie sectaire à l'origine de la tragédie des années 90
Une publication qui a aussitôt suscité un tollé contre lui, tant de la part des formations salafistes désignées que de celle du ministre des Affaires religieuses.
Dénonçant une idéologie à l’origine de la tragédie des années 90 en Algérie, Mohamed Aïssa a prévenu: «L’Etat va faire face aux idées du courant sectaire dont se réclame Ali Ferkous. Des idées qui peuvent diviser la société», a-t-il dit.
Pour lui, la réaction de l’Etat ne s’en tiendra pas à des communiqués, elle aura recours à la justice à travers les lois de la République.
Lors de sa dernière intervention à la radio, dénonçant les complots de services secrets étrangers, le ministre a formulé la même mise en garde.
Rappelant diplomatiquement que «l’Algérie n’a aucun problème avec le wahhabisme régnant en Arabie Saoudite», il a prévenu que «l’Etat algérien peut interdire les prêches, la propagation de ces idées importées, peut interdire des livres, des prospectus, des disques et d’autres outils de propagande sectaire sur son territoire. C’est la loi qui sera appliquée», a-t-il conclu.
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