Manifestation dans le sud de l’Inde après la mort en garde à vue d'un étudiant congolais
Plusieurs ressortissants de pays africains ont été blessés lors d'une bagarre avec la police dans la ville indienne de Bangalore. Différentes versions sur l'arrestation de ce congolais, mort en détention, circulent.
Une manifestation de la diaspora africaine a été réprimée, lundi 2 août dans la ville universitaire de Bangalore, après la mort d'un étudiant congolais qui était entre les mains de la police.
Après son décès, plusieurs ressortissants de pays africains ont organisé un rassemblement devant le commissariat. Les policiers ont fait usage de matraques pour repousser les manifestants et en a arrêtés une douzaine.
Les versions divergent
Selon la police indienne, Joël Shindani Malu, 27 ans, originaire de la République démocratique du Congo, a été arrêté dans la rue pour possession d'une petite quantité de pilules d'ecstasy, et il est décédé le lendemain en garde à vue, d'un arrêt cardiaque.
Les autorités indienne ont affirmé avoir ouvert une enquête sur ce décès, alors que l'étudiant "vivait illégalement en Inde" après l'expiration de son passeport et de son visa en 2017. Selon la même source, l'étudiant aurait auparavant "été diagnostiqué comme souffrant de bradycardie (rythme cardiaque trop lent (ndlr)), et les tentatives pour le réanimer furent vaines".
Alors que la police de Bangalore dit avoir arrêté Joël Malu dans la rue sur son scooter, ses amis, eux, affirment que des policiers ont débarqué chez lui, fouillé son appartement, et demandé de l’argent. Placé en détention, des policiers auraient réclamé 1500 dollars pour le libérer.
En Inde, les étudiants africains sont régulièrement victimes de violences et de discriminations. Le 15 juillet 2020, deux étudiants, un guinéen et un nigérian, accusés de non-respect du confinement avaient été matraqués sur leur campus. Plusieurs vidéos les montrant attaqués par des agents de sécurité privée ont circulé sur les réseaux sociaux dans les jours qui ont suivi, entraînant le renvoi de plusieurs responsables du campus universitaire.
Une police accusée de harcèlement et de racisme
Les ressortissants des pays africains accusent souvent la police indienne de harcèlement et de racisme.
En 2017, des étudiants africains ont été attaqués et battus par la foule dans la ville de Grand Noida, accusés de vendre de la drogue. Mais le racisme en Inde est parfois institutionnel.
En 2014, le ministre de la Justice de l’Etat de Delhi, Somnath Bharti avait pris la tête d’une descente de nuit, agressant physiquement et humiliant un groupe de femmes congolaises et ougandaises à Khirki, accusés "d'activités immorales et illégales".
En 2020 l’écrivaine et scénariste d’origine indienne Arundhati Roy dénonçait en ces termes le racisme en Inde. "Si vous regardez des films de Bollywood, vous imaginez que l’Inde est un pays de blancs. Le racisme indien envers les Noirs est presque pire que le racisme des Blancs. Et parfois, cela vient de personnes dont la couleur de peau n’est vraiment pas très différente ! "
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