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Maroc: un débat sur les libertés féminines sexuelles et religieuses interdit

Un colloque international sur les libertés individuelles organisé par une ONG marocaine devait se tenir les 22 et 23 juin 2018 à Casablanca. Il a été interdit par les autorités marocaines pour «défaut de procédure».
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 1 min
Manifestation à Casablanca le 28 juin 2015 suite à l'arrestation de deux femmes dont les tenues ont été jugées inapropriées. 

	
	  (Fadel Senna / AFP)

Le colloque organisé par le Collectif Démocratie et liberté devait réunir une vingtaine d’intellectuels de Tunisie, du Maroc, d'Algérie, d'Irak et de France pour débattre des libertés individuelles.
Au programme: l’équité homme-femmes dans l’héritage, la liberté de conscience, la liberté de disposer de son corps...

Mais le principe même du débat a suscité un débat et les autorités ont vite cédé arguant «un défaut de procédure».
 
«Menace de l’identité islamique»
Plusieurs jours avant la tenue de la conférence, les milieux salafistes s’en sont pris à l’organisateur Noureddine Ayouch, l’accusant d’«incitation à la débauche».

Les médias qui leur sont proches ont dénoncé la thématique du débat en parlant de la «liberté d’adultère» pour les relations sexuelles hors mariage ou de «droit à la perversion» pour qualifier l’homosexualité. Une campagne a été menée également sur les réseaux sociaux.
 
Le recul
Les critiques orchestrées par les conservateurs et les extrémistes ne sont peut-être pas les seules responsables du sabotage de la Conférence, mais elles y ont sans doute contribué.

La Fondation qui devait accueillir ce colloque s'est ravisée et la plupart des responsables politiques invités à s’exprimer se sont désistés. Une sorte d’autocensure pour éviter de faire face à des questions jugées taboues.  

«C’est une catastrophe, le pays recule. Ils ont peur des salafistes», a déclaré l’organisateur de ce colloque après l'interdiction.
 
L’égalité dans l’héritage, l’homosexualité, l'avortement restent des sujets inabordables malgré l'intérêt exprimé par les milieux progressistes et libéraux qui réclament depuis de nombreuses années un débat sur les libertés individuelles et la réforme de certaines lois qui continuent de pénaliser «la débauche» ou l'homosexualité.

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