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Nigeria: des femmes «contraintes au viol» pour ne pas mourir de faim

Des milliers de femmes et de filles qui ont survécu à la brutalité du groupe armé Boko Haram dans l’Etat de Borno, au nord-est du Nigeria, ont été victimes d’autres exactions commises par des forces de sécurité nigérianes, selon un rapport d’Amnesty International rendu public le 24 mai 2018.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une déplacée vivant dans le camp de Bama, au Nigeria, en novembre 2017. (REUTERS / Paul Carsten)

La libération des villes et villages occupés par les insurgés de Boko Haram dans le nord-est du Nigeria en 2015 n’a pas mis fin aux souffrances des populations. Depuis l’arrivée de l’armée régulière, des centaines de personnes sont mortes de faim et de nombreuses femmes ont été victimes d’exploitation sexuelle. Le rapport d’Amnesty International (en anglais) qui s’appuie sur plus de 250 entretiens accuse l’armée et sa milice alliée. 
 
Confinement dans les camps
Quand les forces de sécurité ont repris le contrôle de la région, elles ont placé la plupart des hommes et des adolescents dans des camps militaires pour s’assurer qu’ils n’étaient pas liés à Boko Haram. C’est ainsi que de nombreuses femmes ont été séparées de leur mari et se sont retrouvées seules dans des camps annexes où elles n’avaient pas le droit de circuler librement. La pénurie de nourriture et le manque de soins ont fait pendant des mois de nombreuses victimes. «La nourriture donnée aux familles pour une semaine ne suffisait pas pour une seule journée (...). On restait parfois trois jours sans rien, c'était terrible», raconte une femme qui vivait dans le camp de Banki. 

Sexe contre nourriture 
Les pires atrocités ont eu lieu entre début 2015 et juin 2016, c’est-à-dire juste avant l’arrivée des organisations humanitaires, comme le souligne le rapport d’Amnesty.
Profitant d’un contexte «proche de la famine», des soldats de l’armée et les miliciens engagés à leurs côtés exploitaient sexuellement les femmes. «Ils nous donnaient de la nourriture, mais le soir ils revenaient et nous disaient de les suivre…», raconte une jeune femme de 20 ans, victime de viol. 
 
Impunité pour les coupables
L’exploitation sexuelle des femmes relevait d’un système bien organisé, selon Amnesty International. Au vu et au su de tous, les soldats venaient dans le camp pour y avoir des relations sexuelles en forçant les femmes à devenir leurs «compagnes». 
 
«Au lieu de recevoir une protection de la part des autorités, les femmes et les filles ont été contraintes de se faire violer pour se nourrir ou ne pas mourir de faim», souligne Osai Ojigha, directrice d’Amnesty Nigeria. Elle précise que les relations sexuelles dans ces circonstances s’apparentent systématiquement à un viol. 
 
Amnesty International dénonce l’impunité dont bénéficient les coupables alors qu’une commission présidentielle a été chargée en 2017 d’enquêter sur ces abus.

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