Révolte du Rif: policiers anti-émeutes contre manifestants en maillot de bain
Les manifestants rifains multiplient d’imagination. Interdits de marches et de rassemblements, ils ont innové le 2 juillet 2017: ils ont choisi la plage comme terrain d’expression pour revendiquer la libération des «prisonniers politiques» et plus de justice sociale.
Le choc des images, des policiers et gendarmes anti-émeutes d’un côté et les manifestants en maillot de bain de l’autre sur une plage, a enflammé les réseaux sociaux marocains.
Sur les vidéos postées sur Facebook, on voit des policiers entrer dans l’eau pour empêcher des personnes en tenue estivale de se rassembler, après les avoir dispersé leur regroupement sur la plage de Sfiha, à quelques kilomètres de la ville rebelle d’Al-Hoceima.
Demonstration by the sea #Morocco #Marokko #Hirak #Rif #Alhoceima pic.twitter.com/jWLyxDe2xR
— Doña Dulcinea (@donadulcinea) July 4, 2017
Les internautes marocains, amusés ou révoltés par cette situation inédite, ont détourné les photos avec beaucoup d'ironie.
Les forces de l'ordre Marocaines tentent d'arrêter Bob l'éponge pour son financement au #Hirak d'#Alhoceima
— Majid Zaki (@majid_zaki) July 2, 2017
pic.twitter.com/KNN08Kf6mQ
Une dernière et j'arrête #Hirak pic.twitter.com/NWRjEZYOiG
— Omar Radi (@OmarRADI) July 2, 2017
Et pour cette page, la météo des plages s'annonce animée.
Real-life Baywatch Morocco #Hirak pic.twitter.com/LS2Sm23Ogc
— Weddady (@weddady) July 2, 2017
La province d'Al-Hoceïma est secouée depuis octobre 2016 par un mouvement de contestation populaire qui dit lutter contre la marginalisation de cette région frondeuse du Rif, au nord du Maroc. Vingt-cinq manifestants et militants présumés de cette contestation ont été condamnés à 18 mois de prison ferme, à l'issue de leur procès mercredi 14 juin 2017 à Al-Hoceïma.
«Le tourisme est l’une des rares activités économiques légales et rentables à Al-Hoceima. La poursuite de ses marches mènerait vers une saison estivale blanche pour les opérateurs alors qu'elle vient tout juste de commencer. Les plages de la capitale du Rif attirent de nombreux visiteurs marocains. Le roi Mohammed VI passe une partie de ses vacances sur ses côtes», s’alarme Yabiladi.
Plusieurs voix s’élèvent au Maroc contre le «tout répressif» des autorités, qui ont perdu «la guerre des images», selon quelques médias. Le gouvernement de Saad Eddine El Othmani donne des signes d’apaisement. «Il a reconnu le caractère globalement pacifique des manifestations, et a concédé que les accusations de séparatisme formulées à l'encontre des manifestants étaient une erreur», note Tel Quel.
Autre signe: les forces de l'ordre ont commencé à se retirer «progressivement» des centres d'Al-Hoceima et Imzouren.
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