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Sida: l'Afrique coupée en deux

En 2016, un million de personnes sont mortes de maladies liées au sida dans le monde, presque moitié moins que lors du record de 2005. L’Afrique australe et de l’Est sont les régions qui ont le plus progressé en la matière. Alors que les parties occidentale et centrale du continent restent à la traîne. Une conférence internationale de recherche sur la pandémie s’est ouverte le 23 juillet à Paris.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Consultation dans un dispensaire, qui traite des malades atteints du sida, à Lomé, au Togo, le 20 août 2012. (AFP - GODONG - BSIP)

Le progrès constaté au niveau mondial est, en grande partie, lié à une meilleure diffusion des antirétroviraux, ces traitements qui empêchent le développement du virus, explique l'Onusida, le programme de coordination de l'ONU contre le sida. «En 2016, 19,5 millions de personnes, sur les 36,7 millions qui vivent avec le VIH, avaient accès aux traitements», soit désormais plus de la moitié, souligne le rapport annuel sur l'épidémie, publié avant l'ouverture, le 23 juillet 2017, de la conférence de Paris.

Rien qu'en 2016, «on a pu mettre 2,4 millions de nouvelles personnes sous traitement. (...) Nous sommes en train de sauver des vies», s'est félicité Michel Sidibé, directeur exécutif de l'Onusida, lors de la présentation du rapport d’Onusida. Pour autant, 1,8 million de nouvelles infections par le VIH ont encore eu lieu en 2016. Soit une toutes les 17 secondes.

Les décès liés au sida dans le monde (capture d'écran du site d'Onusida) (DR - site d'Onusida)

Ce chiffre est cependant en baisse régulière. Mais une baisse trop lente pour parvenir à l'objectif de 550.000 nouvelles contaminations en 2020, qui permettrait de juguler l'épidémie, selon l'Onusida. Depuis son début dans les années 1980, 76,1 millions de personnes ont été contaminées par le VIH et 35 millions sont décédées, l'équivalent de la population du Canada. Il n'existe pas encore de vaccin contre le VIH ou de médicament qui permettrait de guérir du sida. Les personnes séropositives doivent suivre un traitement par antirétroviraux tout au long de leur vie. Même s’ils sont coûteux et entraînent des effets secondaires, ces produits n’en ont pas moins révolutionné l'état de santé des personnes séropositives et allongé leur espérance de vie.

Progrès en Afrique australe et de l’Est
Les régions qui ont le plus progressé sont l'Afrique australe et de l'Est, qui rassemblent plus de la moitié des personnes séropositives et où beaucoup d'efforts ont été déployés. Les décès liés au sida y ont chuté de 42% depuis 2010 et les nouvelles infections ont reculé de 29%.

En ce qui concerne l’Afrique du Sud, qui compte le plus grand nombre au monde de personnes vivant avec le VIH, soit 6,5 millions, les autorités ont pris le problème à bras le corps. Et commencent à enregistrer des résultats, rappelait Géopolis en 2016.

Ainsi, «l’Afrique du Sud (…) a su tirer parti de son large volume pour réduire les prix mondiaux des tests de dépistage de la charge virale (quantité de virus présente dans le sang). En 2014, le gouvernement sud-africain (…) a conclu un accord avec (le laboratoire suisse) Roche, créateur d’une plateforme de premier plan pour le dépistage de la charge virale. Cet accord fixe un prix maximal mondial par dépistage de 9,40 dollars pour la technologie du dépistage de la charge virale de cette entreprise (…). Ce prix a depuis été obtenu par de nombreux marchés nationaux, dont l’Ethiopie, le Kenya, le Nigeria, le Swaziland, la Zambie et le Zimbabwe. L’élargissement de l’accord tarifaire devrait atteindre 131 millions de dollars d’économies en dehors de l’Afrique du Sud jusqu’en 2020», explique le rapport d’Onusida.

Inquiétudes pour l’Afrique de l’Ouest et centrale
L'Afrique de l'Ouest et du centre restent davantage à la traîne, avec seulement 35% des personnes vivant avec le VIH sous traitement antirétroviral, contre 60% au sud et à l'est du continent. En 2016, un rapport de l’ONG Médecins sans frontières (MSF) expliquait que «des millions de personnes (en Afrique occidentale et centrale) restent en marge de la lutte mondiale contre le VIH».

La situation du sida en Afrique de l'ouest et centrale (capture d'écran du site de MSF). (DR - site de MSF)

«Un trop grand nombre de patients en République démocratique du Congo, en Guinée ou en République centrafricaine nous arrivent en stades avancés de sida, ce qui est devenu relativement rare en Afrique du Sud depuis le milieu des années 2000. En Afrique occidentale et centrale, le sida est loin d’avoir disparu. Il ne disparaîtra pas tant que des mesures radicales ne seront pas prises pour accroître l’accès au traitement antirétroviral, et ceci avant que les individus ne tombent très malades», déclarait alors le Dr Eric Goemaere, de MSF.
 
Autre sujet d'inquiétude: en Afrique subsaharienne, les contaminations chez les femmes de 15 à 24 ans sont 44% plus nombreuses que chez les hommes de la même classe d’âge. La preuve que la «lutte pour mettre fin au sida ne fait que commencer», comme l’explique le directeur exécutif de l'Onusida. Qui ajoute: «Nous vivons des temps fragiles et les progrès accomplis peuvent être facilement effacés.»

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