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Un Erythréen accusé de trafic de migrants victime d'une erreur judiciaire?
Un Erythréen de 29 ans, qui dit s’appeler Medhanie Tasfamariam Behre, est en prison en Italie depuis mai 2016 après avoir été extradé du Soudan suite à une enquête conjointe des polices soudanaise, britannique et italienne. Il est accusé d’être le cerveau d’un réseau de migrants clandestins en Libye. Ce qu’il nie.
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Pour les services de renseignement, il est Medhanie Yehdego Mered, alias «le Général», 35 ans, recherché depuis le naufrage de Lampedusa, le 3 octobre 2013 (368 morts et 20 disparus) dans le cadre de l’opération Glauco (1 et 2), menée conjointement par l’Italie et l’Union européenne pour traquer les passeurs.
Depuis son extradition, Medhanie Tasfamariam Behre, appelé aussi Kidane, clame son innocence et dénonce une erreur judiciaire. La presse britannique et italienne, qui suivent cette affaire, ont rapidement émis des doutes sur sa culpabilité. L'accusé ne ressemble pas à l'homme recherché, n’a pas le même âge et il ne s’est jamais rendu en Libye. Leur seul point commun: avoir le même prénom.
Malgré les dizaines de témoignages en sa faveur (dont la plupart n’ont pas été entendus par la justice italienne), les preuves qui étoffent la faiblesse du dossier, comme le signalait déjà en septembre 2016 Géopolis, son procès a repris à zéro en octobre 2017, après 23 audiences et deux juges différents au palais de justice de Palerme.
Lors de cette nouvelle session, c’est la première fois que le juge Calogero Ferrara a donné la parole au prévenu, raconte Le Temps. «Sachant que ce n’est ni mon nom, ni mon identité, je trouve très étrange de me retrouver ici. C’est absurde», a déclaré ce dernier.
Un dossier qui n'avance pas
«Pour Michele Calantropo, avocat de la défense, les incohérences de la magistrature symbolisent ce dossier», déclare le journaliste du Temps qui suit le procès à Palerme. «Ce qui attriste (le magistrat), c’est que l’enquête avait été très bien menée jusqu’à cette arrestation. Je ne comprends pas quelle est leur stratégie ni pourquoi ils s’entêtent.»
Comme le dossier n’avance pas depuis un an et demi, la défense émet une hypothèse: «La justice palermitaine maintient-elle un innocent en prison dans le seul but de ne pas être ridiculisée? Pour l’Italie, remettre la faute sur les autorités soudanaises pourrait compromettre le processus de Khartoum, un accord de coopération décrié entre l’Union européenne et l’Union africaine visant à stopper le flux migratoire.»
Et cerise sur le gâteau, Lorenzo Tondo, le journaliste italien qui suit l’affaire pour le Guardian, a découvert avoir été mis sur écoute car sa conversation avec un Erythréen proche de l’accusé a été versée au dossier, mettant en péril le secret des sources, comme il l’a expliqué le 24 novembre au site ValigiaBlu.
Aujourd’hui, le coupable idéal semble l’être de moins en moins au fil des audiences. Même le juge palermitain Ferrara a insinué le doute lors de la reprise du procès: «Essayons d’aller le plus vite possible. Nous avons perdu assez de temps, surtout si nous devions découvrir qu’un innocent est emprisonné chez nous depuis plus d’un an.» Assez pour une libération avant la fin de l’année?
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