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Une première au Bénin: la prison pour les trafiquants de faux médicaments
La justice béninoise a condamné sept gros distributeurs dans une affaire de faux médicaments. Un procès sans précédent par son ampleur et les sanctions prononcées. Quatre années de prison ferme et 100 millions de francs CFA (150.000 euros) de dommages et intérêts pour ces responsables qui se partagent le marché du médicament au Bénin.
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Le gouvernement de Patrice Talon, élu en 2016, en a fait une priorité. Il faut combattre ce fléau du faux médicament, largement répandu dans l’Afrique sub-saharienne, où il tuerait près de 100.000 personnes chaque année. Or, le Bénin a la réputation d’être une plaque tournante du trafic, grâce au port de Cotonou. En un an, des dizaines de tonnes de faux médicaments ou de médicaments interdits de commercialisation ont été saisies dans le pays.
Des voix s’élèvent pour dénoncer ce procès et cette traque jugée abusive. La dernière audience du procès n’a durée qu’une heure. Un seul prévenu a été remis en liberté: le directeur du service des pharmacies et du médicament au ministère de la Santé. On lui reprochait de ne pas avoir empêché «la commission de ces infractions».
Dans cette affaire, un député d’opposition, Atao Hinnouho, est toujours en fuite. La police a découvert chez lui des centaines de cartons de faux médicaments. Deux de ses collaborateurs ont eux été condamnés à six mois de prison ferme. Tout a commencé, nous rappelle RFI, quand un livreur de médicaments a conduit la police dans des entrepôts appartenant à ce député. La police y saisira 151 tonnes de médicaments et autre produits pharmaceutiques.
Le commerce du faux médicament est florissant en Afrique, en raison des faibles revenus de la population qui souvent ne peut pas se payer les bons médicament. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il y aurait près d’un millier de références falsifiées en circulation.Pour l’essentiel, ils sont fabriqués en Inde ou en Chine.
Bénin et Nigeria seraient responsables de l’entrée en Afrique de la moitié des faux médicaments. Ils atterrissent souvent sur des marchés en plein air, comme celui d’Adjamé-Roxi à Abidjan, en Côte d’Ivoire. 8000 pharmaciennes improvisées y tiennent une officine et le faux médicament y est roi.
Au Cameroun, la représentante de l’ordre des pharmaciens, Emilienne Yissibi Pola, le reconnaît à RFI: «On est dépassé. Il est impossible de dissocier la falsification, le faux médicament, le mauvais circuit d’approvisionnement, l’exercice illégal de la profession de pharmacien… Mais tout cela concourt à obtenir un produit dont on ne peut pas garantir la qualité.»
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