Les bateaux-usines pillent les eaux poissonneuses du golfe de Guinée aux dépens des populations, affirme Greenpeace
Selon l'ONG écologiste, "les écosystèmes marins sont de plus en plus dégradés du fait de la pollution, de la surpêche par des chalutiers étrangers, des méthodes de pêche destructrices et de la pêche illicite" dans le Golfe de Guinée.
Les côtes africaines sont victimes depuis des décennies d'une pêche industrielle, souvent illégale. Après les bateaux japonais ou européens dans les années 2000, ce sont également les bateaux-usines chinois, turcs ou coréens qui pillent les eaux du golfe de Guinée, alors que les pêcheurs locaux sont moins sortis en mer durant l’épidémie de Covid-19. Le rapport Mal de mer, qui vient d’être publié par Greenpeace Afrique, demande plus de transparence et interroge sur l'intérêt de cette pêche industrielle pour un pays comme le Sénégal.
"Les écosystèmes marins sont de plus en plus dégradés du fait de la pollution, de la surpêche par des chalutiers étrangers, des méthodes de pêche destructrices et de la pêche illicite" dans le Golfe de Guinée, précise l'ONG écologiste.
Aucune transparence pour les licences de pêche
Selon Greenpeace, au moins huit navires de pêche chinois ont participé à des activités douteuses entre mars et juillet 2020 au large des côtes sénégalaises. Tous portent le nom de Fu Yuan Yu, mais avec des numéros différents. Ils pêchent de nuit dans la Zone économique exclusive (ZEE) sénégalaise, sans que l'on sache s'ils ont des licences, ni si elles ont été obtenues dans le respect des règles et des procédures.
Le gouvernement sénégalais accorde quelques licences, mais sans aucune transparence. La flotte de pêche chinoise utilise toutes les ruses possibles pour éviter d’être détectée dans les eaux territoriales. Comme mettre le même nom à plusieurs navires ou éteindre le système d’identification satellite qui permet de suivre les mouvements des navires.
Une menace pour la sécurité alimentaire des populations
Les impacts de cette pêche industrielle sont très négatifs sur les stocks de poissons mais aussi sur la sécurité alimentaire, les moyens d’existence et le bien-être de millions de personnes. "Les stocks de poissons en déclin en Afrique de l'Ouest devraient être mieux gérés et mieux sécurisés pour nourrir les populations de la région avant tout, surtout en cette période d’insécurité alimentaire imminente et de perte de biodiversité", déclare le Dr Aliou Ba, conseiller politique pour la Campagne Océan à Greenpeace Afrique.
"L'économie mondiale est en récession et la région ouest-africaine n'est pas épargnée. Or, au même moment, l'industrie de la farine et de l'huile de poisson se développe en utilisant les stocks de poissons locaux pour produire de la nourriture pour les animaux de compagnie, les porcs et les poissons de l'industrie de l'aquaculture en Europe et en Asie, au détriment des populations vulnérables d'Afrique de l'Ouest. Les gouvernements d'Afrique de l'Ouest doivent travailler ensemble pour fermer ces usines pour de bon", dénonce le Dr Ba.
Selon Greenpeace, la question est de savoir si les multinationales, les grandes entreprises et les gouvernements ont le droit de priver des milliers de personnes des ressources dont elles dépendent pour leur travail et leur survie, avec des pratiques destructrices et illégales de pêche que l'on retrouve également massivement au large des côtes somaliennes.
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