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Somalie : comment les shebabs font la guerre aux journalistes et à la profession

Rallié aux insurgés islamistes shebabs, un journaliste somalien a été condamné à mort par un tribunal militaire de Mogadiscio pour avoir planifié l’assassinat de plusieurs de ses collègues. Arrêté en 2014 au Kenya, il avait été extradé la même année vers son pays. Son jugement intervient au moment où la Somalie est classée comme un des pays les plus dangereux pour la profession de journaliste.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Proches et amis du journaliste Mohamed Mohamud Timacade, en prière, à ses funérailles. Il avait été abattu par des hommes armés à Mogadiscio, le 27 octobre 2013.

Plusieurs dizaines de journalistes s'étaient donné rendez-vous, ce jeudi 3 mars 2016, pour assister au prononcé du verdict du tribunal militaire à Mogadiscio contre un des leurs, accusé d’avoir organisé l’assassinat de cinq de ses collègues.
 
«Hassan Hanafi est condamné à mort, a annoncé le juge Hassan Ali. Tous les éléments à charge et les témoins montrent qu’il a joué un rôle clé dans la planification et l’exécution des meurtres de plusieurs journalistes», entre 2007 et 2010.
 
Il appelait et menaçait les journalistes qui refusaient de se rallier à la cause
Reporter au départ pour plusieurs radios dans la capitale somalienne, Hassan Hanafi a fini par rejoindre les islamistes, après avoir travaillé pour Radio Andalus, la voix officielle des shebabs.
 
Selon un journaliste de la BBC sur place, son travail auprès des insurgés consistait à appeler les journalistes et les menacer s’ils refusaient de se rallier à la cause des insurgés.
 
En cavale au Kenya, il a été arrêté à Nairobi, en août 2014, après son apparition dans une émission intitulée Le journaliste tueur, diffusée par la télévision d’Etat somalienne.
 
A la suite de cette diffusion, des Somaliens et les milieux de la profession ont lancé des appels en faveur de son exécution sur les réseaux sociaux, le qualifiant de «traître et de prédateur sans cœur, qui accepte de tuer ses plus proches amis».

La Somalie, un des pays les plus dangereux pour les journalistes 
Extradé l’année même de son arrestation et jugé au pays, il a, selon le tribunal, reconnu les crimes ainsi que son appartenance aux shebabs, affiliés à al-Qaïda et en lutte contre le gouvernement somalien.
 
Sa condamnation à la peine capitale, de laquelle il peut encore faire appel, intervient au moment où la Somalie est classée «un des pays les plus dangereux pour les professionnels des médias».
 
Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), 33 journalistes somaliens ont été assassinés dans le pays depuis 2007 et la montée en puissance des shebabs.

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