Soudan du sud : première journée d'un pays fragile
Les fées se seront en tout cas penché sur son berceau. Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, Allemagne, France, Union européenne etc se sont bousculés pour reconnaître le Soudan du sud, 193ème pays du monde, et l'assurer de leurs meilleures intentions. Le frère ennemi, le Soudan, l'a fait dès hier.
De nombreux officiels, chefs d'Etats, ministres, représentants, ont fait le déplacement pour assister aux cérémonies qui ont marqué le baptême du pays, dans sa nouvelle capitale, Juba. Beaucoup ont dû recourir à de savantes évolutions pour éviter Omar el-Béchir, président du Soudan, objet de mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale.
La cérémonie elle-même a été suivie par une grande foule à Juba, devant le mausolée du père de l'indépendance, John Garang. Après l'arrivée des délégations et le défilé militaire, la proclamation officielle de l'indépendance du Soudan du sud, le nouvel hymne et le nouveau drapeau ont été salués par des youyous et des applaudissement nourris. L'enthousiasme de la foule a presque eu raison du cordon de soldats qui l'entourait.
Mais l'état de grâce risque d'être de courte durée, face aux défis qui attendent le nouvel Etat, l'un des plus pauvres de la planète. Défi politique tout d'abord. Pas moins de sept mouvements armés répertoriés semblent déjà prêts à prendre les armes contre le nouveau régime. A quoi s'ajoutent les rivalités traditionnelles, qui prennent une tournure violente. Presque 1.500 personnes ont été tuées dans des affrontements depuis le referendum sur l'indépendance. Le président Salva Kiir a tenté de tendre la main, appelant au pardon et il a lancé l'idée d'une amnistie pour ceux qui déposeraient les armes.
Quatre millions de personnes nourries par l'ONU
Le rôle de Khartoum reste à éclaircir dans l'éclosion de ces mouvements. Officiellement, Omar el-Béchir n'est que miel, assurant que le succès du Soudan du sud est une œuvre commune. Mais la région d'Abyei reste un abcès de fixation. L'indépendance énergétique de Juba est aussi sous la menace permanente de Khartoum. Si le pays est riche en pétrole, les capacités de raffinage sont au nord.
Le défi alimentaire ne sera pas des moindres. L'ONU a nourri la moitié de la population ces dernières années, soit quatre millions de personnes. Enfin, les tendances autocratiques du régime inquiètent déjà la communauté internationale.
Grégoire Lecalot, avec agences
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