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Au Soudan du Sud, des hommes politiques laissent 50 millions de dollars d'impayés dans les hôtels de Juba

Plus de 300 clients ont été mis à la porte des hôtels de la capitale où ils sont logés depuis de très longs mois.

Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
L'un des hôtels qui accueillait les négociateurs du processus de paix au Soudan du Sud. (Site Facebook du Royal hotel Juba)

Plusieurs hôtels de la capitale Juba accueillent depuis plus d’un an des centaines de politiciens du Soudan du Sud. Venus en mission pour négocier la paix, ils ne sont jamais repartis et l'ardoise s’élève à 50 millions de dollars. Un énorme problème pour l’association hôtelière qui a décidé de les expulser.

Des clients de très longue durée

Militaires, ministres, députés et fonctionnaires en mission. Ils sont près de 300 clients hébergés gracieusement dans 18 hôtels et appartements de la capitale Juba, où ils travaillent depuis plus d’un an sur le processus de paix. Certains sont là depuis trois ou quatre ans, selon l'Association des hôtels et de la restauration du Soudan du Sud. La mission est longue, le séjour aussi, et la facture des hôtels grimpe. Personne ne s’en soucie vraiment puisque c’est l’Etat qui paye. Mais l’Etat du Soudan du Sud ne paie pas et l’ardoise qui atteint les 50 millions de dollars.

Mission : expulsion

Début janvier, l'industrie hôtelière a envoyé deux nouveaux avertissements aux autorités concernant leurs arriérés, mais rien n’a changé. Le gouvernement a promis d’éponger ses dettes mais ne l’a pas fait. L’Association des hôtels et de la restauration du Soudan du Sud a décidé d’entrer en mission à son tour et d’expulser tous les clients "venus pour la mise en œuvre de la paix". Les hôteliers ont donné 24 heures à peine à leurs hôtes pour qu'ils fassent leurs bagages et quittent les lieux.

"Nous n’avons pas d’armes à feu, nous leur avons parlé poliment, nous essayons de les convaincre de partir pacifiquement et s’ils refusent, ils doivent payer les frais de séjour"

Kot Maker, directeur du "Royal Hôtel" à Juba

Dettes à l'ONU

L'arrivée en masse de négociateurs à Juba était considérée comme une aubaine pour les hôtels de la capitale sud-soudanaise qui ont vu leur carnets de commandes remplis pour des mois. Mais avec des caisses vides, les hôteliers n'arrivaient plus à payer leurs employés ni leurs fournisseurs. 

Plus de deux ans après l'accord de paix conclu en 2018, qui renouvelle un précédent accord de 2015, le Soudan du Sud a encore du mal avec ses comptes et la gestion de l'argent public. Ce mois-ci encore, le plus jeune Etat de l'ONU a perdu son droit de vote à l'Assembée générale en raison d'une dette de plus de 20 000 dollars.

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