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Le drapeau sud-soudanais absent des JO de Londres

Le Comité international olympique a décidé que les athlètes sud-soudanais ne pourraient participer aux Jeux de Londres sous leur drapeau. Motif: le plus jeune pays du monde, qui vient de fêter son premier anniversaire le 9 juillet 2012, n'a pas atteint l'âge de deux ans, nécessaire pour l'enregistrement d'un pays aux JO.
Article rédigé par Jean Serjanian
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Célébrations du 1er anniversaire de l’indépendance du Soudan du Sud, Jubla le 9 juillet 2012 (REUTERS/Adriane Ohanesian)

Les appels du président Salva Kiir pour que les athlètes de la jeune nation puissent participer aux JO sont restés lettre morte.

En décidant que les athlètes sud-soudanais ne pourraient participer aux Jeux de Londres que sous le drapeau du Soudan, dont Juba s'est séparé il y a un an après une longue guerre civile de cinquante ans, le CIO a plongé le Soudan du Sud dans la consternation.

Même si participer aux Jeux à Londres peut constituer une première pour des athlètes sud-soudanais en tant que tels, il ne peut être question pour ce nouvel Etat de le faire aux dépens de la fierté nationale en concourant sous des couleurs d'un pays ennemi.

Le ministre sud-soudanais des Sports, Cireno Hiteng Ofuho, regrette par ailleurs que ses athlètes ne puissent arborer le drapeau olympique à titre dérogatoire, comme ceux du Timor oriental aux JO-2000, un an après l'indépendance. «Le CIO ne nous a rien dit du tout à ce sujet. Nous sommes très tristes», a-t-il déclaré.

Il est particulièrement furieux que le marathonien vedette de 28 ans Guor Marial,  né dans ce qui est devenu le Sud-Soudan, qui a perdu plusieurs frères et sœurs et qui réside actuellement aux Etats-Unis, soit obligé de concourir en tant qu'athlète olympique indépendant (AOI) sous les couleurs olympiques et non ceux de son pays.


SBS World News Australia, le 25 juillet 2012


«Nous avons Marial Guor, mais aussi d'autres athlètes de la diaspora en Australie qui ont été qualifiés pour les Jeux mais qui ont refusé de participer sous le drapeau australien. Ils veulent représenter le Soudan du Sud», a indiqué M. Ofuho.

Le pays a aussi une équipe de basket en fauteuil roulant, composée de personnes blessées par des mines, des armes à feu, ou qui souffrent de la polio. Celle-ci attend toujours de savoir si elle pourra participer aux Jeux Paralympiques, du 29 août au 9 septembre à Londres.

«Puisque nous sommes indépendants, nous n'irons pas sous le drapeau du Nord. Je ne vois personne pour être d'accord avec cette idée», déclare Gatluak Kual Luak, président de l'équipe paralympique de basket-ball qui ne peut supporter l'idée qu'aucun Sud-Soudanais ne soit présent à Londres.

«Participer aux jeux Olympiques est très important. Ce n'est pas juste une compétition, mais c'est aussi la représentation du Soudan du Sud. Il est important d'être perçu comme une nation, à Londres, sur une scène internationale», insiste-t-il.

Deux autres athlètes sans drapeau
Philippe van Aaholt et Reginald de Wind, tous deux originaires de l'île de Curaçao dans les Antilles néerlandaises, un pays absorbé par les Pays-Bas en 2010, participeront aux épreuves de voile et de judo à titre individuel. Ils ont obtenu du CIO le droit de concourir sous le drapeau olympique. Sans cette autorisation, ils n'auraient pu être sélectionnés.

C'est la troisième fois que des athlètes sont amenés à participer aux Jeux sous le drapeau olympique. En 1992, la Macédoine, ancienne République de l'ex-Yougoslavie, visée par des sanctions de l'ONU, avait alors dû passer par là pour envoyer ses athlètes en 1992 aux Jeux d'hiver à Albertville et d'été à Barcelone. Dans la ville espagnole, les sportifs du Timor oriental n'avaient pu participer aux compétitions qu'à cette condition, leur pays, fraîchement indépendant, n'ayant pas encore créé de comité national olympique.

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