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Soudan : la chrétienne libérée lundi arrêtée en tentant de quitter le pays

Elle avait été condamnée à mort pour apostasie. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Meriam Yahia Ibrahim Ishag, un Soudainaise chrétienne condamnée à mort pour apostasie et qui a accouché en prison, a été libérée lundi 23 juin 2014.  (AFP )

Meriam Yahia Ibrahim Ishag, une chrétienne soudanaise a été arrêtée mardi 24 juin à l'aéroport de Khartoum (Soudan) alors qu'elle s'apprêtait à quitter le pays au lendemain de l'annulation par une cour d'appel de sa condamnation à mort pour apostasie, selon la un proche de la jeune femme.

"La sécurité nationale l'a arrêtée avec Daniel", explique cette source, en référence à son époux de nationalité américaine. Le sort de ses deux enfants, dont un nourrisson né en prison, n'est pas connu dans l'immédiat. Le couple a été arrêté alors qu'il tentait de quitter le pays et emmené dans des locaux du puissant Service national de renseignement et de sécurité, ajoute la source. "C'est son droit de quitter le pays", s'insurge ce proche, sans être en mesure de donner plus de détails.

Le ministre de l'Information, Ahmed Bilal Osmane, assure ne pas être au courant des derniers développements et s'est refusé à tout commentaire.

"Menaces et discours de haine"

Née d'un père musulman, Meriam Yahia Ibrahim Ishag, 26 ans, avait été condamnée à mort le 15 mai en vertu de la loi islamique en vigueur au Soudan qui interdit les conversions. Mariée à un chrétien et déjà mère d'un garçon de 20 mois, qui avait été emprisonné avec elle, la jeune femme avait également été condamnée à 100 coups de fouet pour "adultère". Selon l'interprétation soudanaise de la charia, toute union entre une musulmane et un non-musulman est considérée comme un "adultère". Le verdict avait soulevé un tollé et provoqué une mobilisation en Occident et parmi les organisations de défense des droits de l'Homme avant d'être annulé lundi par une cour d'appel qui avait ordonné la libération de Meriam Yahia Ibrahim Ishag.

A l'annonce de sa libération lundi, la jeune femme s'était immédiatement cachée "avec son mari et ses deux enfants dans un lieu sûr", craignant pour sa vie, selon l'un de ses avocats, Me Mohannad Moustafa. Mervyn Thomas, directeur exécutif de l'organisation Christian Solidarity Worldwide, avait déclaré que son groupe se réjouissait "de l'annulation des verdicts injustes et inhumains" ajoutant que son organisation était alarmée par "les menaces et les discours de haine" dirigés contre la jeune femme et ses avocats. "Son soi-disant frère a publiquement affirmé que la famille appliquerait la sentence si elle est acquittée", a assuré cette organisation qui oeuvre pour la liberté religieuse.

Mardi, l'expert indépendant de l'ONU sur les droits de l'Homme au Soudan, Mashood Adebayo Baderin, a tenu une conférence de presse à Khartoum, appelant les autorités à protéger Meriam Yahia Ibrahim Ishag. 

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