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Au Soudan, les partisans de l’ancien régime d’el-Béchir se rebellent

Deux soldats soudanais ont été tués le 14 janvier 2019 lors d’affrontement avec des hommes des anciens services de sécurité du pays. Un sérieux coup de frein au travail de normalisation du nouveau régime.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Des membres des services de sécurité ont tiré des coups de feu en l'air le 14 janvier 2020. (ASHRAF SHAZLY / AFP)

La tension remonte à Khartoum, quelque mois après la destitution du chef de l’Etat Omar el-Béchir. Et c’est justement le plan de restructuration des services de sécurité qui a provoqué ce coup de chaud.

L’ex-Service national de renseignement et de sécurité soudanais (NISS) a joué un rôle important pour tenter d’écraser le mouvement populaire qui a conduit à la chute d’Omar el-Béchir.

Le nouveau pouvoir de Khartoum, le Conseil souverain, est composé de civils et de militaires, alliés lors de la période de crise. Ils ont décidé de "faire le ménage" dans les services de sécurité. Le NISS a été rebaptisé Service des renseignements généraux, et la purge se poursuit, expliquant ce regain de tension.

Car dans ce processus, les personnels licenciés ont contesté les indemnités de départ qu’ils jugent insuffisantes. Pour se faire entendre, ils ont bloqué plusieurs rues de Khartoum, tirant des coups de feu en l’air. Certains ont même fermé deux petits champs pétroliers dans le Darfour.

Les membres du NISS ont eu le choix entre être désarmés, rejoindre l’armée nationale ou intégrer une force paramilitaire, les Rapid Support Forces (RSF). Les soldats qui appartenaient aux unités opérationnelles ont rejeté l’offre, réclamant des indemnités supérieures, selon Middle East Eye.

Une rébellion matée dans le sang

Cette rébellion a en tout cas été matée dans le sang, provoquant la mort de trois civils et de deux soldats des forces régulières. Des tirs ont été entendus toute la journée avant que l’armée ne donne l’assaut à la caserne. Aucune information concernant les insurgés n’a été donnée, et on ignore le nombre de victimes de leur côté.

Le chef des RSF, Mohamed Hamdan Daglo, voit derrière ce mouvement de protestation la marque de l’ancien chef des services secrets de Bashir, Salah Gosh. "Ce qui s’est passé est l’œuvre de Salah Gosh et de quelques officiers", a déclaré à la presse le général Daglo. Gosh a disparu depuis la chute du dictateur, contraint de démissionner de son poste, suite aux accusations de torture à son encontre. L’homme se serait bien vu remplacer el-Béchir à la tête du pays. Mais l’opposition des Etats-Unis l’a contraint à lâcher l’affaire.

L’événement n’est en tout cas pas minimisé par le nouveau pouvoir de Khartoum, qui semble prendre la mesure de la menace. "Nous ne tolérerons aucun coup d'Etat contre la révolution soudanaise", a déclaré le général Abdel Fattah al-Burhane, à la tête du Conseil souverain. "Nous protégerons cette période de transition, et quiconque tente de porter atteinte à la sécurité et la stabilité des citoyens sera défait", a ajouté en écho le chef d'état-major soudanais, Osmane Mohamed al-Hassan.

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