Cet article date de plus de trois ans.

La communauté internationale allège la dette du Soudan qui espère renouer avec les financements du FMI et de la Banque mondiale

Une Conférence internationale d'appui à la transition démocratique soudanaise s'est réunie le 17 mai 2021 à Paris. La France va aider le Soudan à apurer sa dette envers le Fonds monétaire international.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président français Emmanuel Macron accueille son homologue soudanais Abdel Fattah al-Burhan avant la conférence internationale pour l'allègement de la dette du Soudan, à Paris, le 17 mai 2021. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Soulager la dette du Soudan et favoriser le retour des investisseurs, tel est l'enjeu de la conférence qui a réuni le 17 mai 2021 à Paris les créanciers du pays : Fonds monétaire international (FMI), Club de Paris, Banque mondiale, mais aussi de nombreux pays qui ont répondu présents. Une bouffée d'air frais qui doit permettre de relancer une économie exsangue. Une étape décisive après la levée des sanctions économiques américaines.

Accompagner la transition démocratique

La situation économique du Soudan n'a cessé de se dégrader depuis 1993, date des premières sanctions américaines contre le régime d'Omar el-Béchir pour son soutien au terrorisme. L'indépendance du Soudan du Sud a aggravé l'état des finances en privant Khartoum des revenus et des réserves de change du pétrole. Cette très longue crise économique a abouti à des émeutes et a balayé fin 2018 la dictature en quelques semaines.

La colère sociale a débouché sur une transition pacifique et démocratique avec la promesse de restaurer le pouvoir d’achat des Soudanais et d’en finir avec la corruption qui gangrène l’économie. Mais aujourd'hui encore, la population doit à nouveau faire la queue pour acheter du pain ou du carburant, alors que d'une année à l'autre, les prix ont quintuplé.

D’après une étude de la Banque mondiale, publiée le 12 mai 2021, un ménage sur trois n’a pas pu s’acheter du pain ou des céréales la semaine précédant l’enquête. La pandémie a brutalement amplifié les difficultés du quotidien, la majorité de ceux qui ont perdu leur travail à cause du Covid-19 n’ont pas encore repris d’activité. Autre calamité, les crues du Nil ont provoqué des inondations monstres à l’automne qui ont exacerbé un peu plus le désarroi économique des Soudanais.

Faire revenir les investisseurs

Le nouveau Premier ministre Abdallah Hamdok cherche a améliorer le quotidien de la population, mais il est pris en tenaille et doit en finir avec les subventions qui dévorent près de la moitié des dépenses publiques, comme l'exige le FMI.

Les subventions à l'achat de carburant ont été supprimées, mais pas celles bénéficiant aux médicaments, au pain et à l’électricité. Pour alléger le fardeau des ménages, un revenu universel de cinq dollars par mois doit être distribué à 80% de la population. La Banque mondiale a accepté de financer ce programme.

Le gouvernement soudanais veut valoriser les richesses du pays, l'or, le pétrole, le sésame, la gomme arabique et les terres fertiles de la vallée du Nil. Pour cela, il espère obtenir un accès renouvelé au financement et un apurement de sa dette extérieure. Après avoir commencé à régler ses arriérés dus à la Banque mondiale et à la Banque africaine de développement, Khartoum doit maintenant régler ses arriérés avec le FMI.

La France prête 1,5 milliard de dollars au Soudan

Et la nouvelle est tombée ce 17 mai à Paris. La France va aider le Soudan à solder son arriéré de dette avec le FMI en lui accordant un prêt relais de 1,5 milliard de dollars, a annoncé le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire. 

"Bonne décision, au bon moment. C'est au Soudan maintenant et à la communauté internationale de montrer que le nouveau Soudan est une opportunité pour investir et non plus un cas désespéré. L'ONU est prête à apporter son soutien"

Volker Perthes, envoyé spécial de l'ONU pour le Soudan

à l'AFP

Une conférence internationale consacrée à la relance des économies africaines se déroule mardi 18 mai à Paris en présence d'une quinzaine de chefs d'Etats africains. Comme le disait récemment à franceinfo Afrique Jacques Attali : "Aider l'Afrique est un investissement".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.