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"Nous refusons le pouvoir militaire" : les Soudanais veulent protéger leur révolution

Les meneurs de la contestation au Soudan appellent à une "marche d'un million de personnes" jeudi dans les rues de Khartoum. Ils entendent maintenir la pression sur les militaires alors que les négociations sur un transfert du pouvoir aux civils piétinent.

Article rédigé par franceinfo - Olivia Macadré
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Des manifestants soudanais à Khartoum (Soudan), le 25 avril 2019. (OZAN KOSE / AFP)

Au Soudan, le conseil militaire de transition et la coalition d’opposition ont trouvé un accord pour former un gouvernement mixte civils-militaires. Du moins, c’est ce qui est écrit sur le papier. Car en réalité, les négociations se poursuivent entre les deux camps qui n’arrivent pas à se mettre d’accord. L’Alliance pour la liberté et le changement, qui est la voix de l’opposition, veut obtenir des garanties que les militaires refusent de lui donner. 

La reconnaissance laisse place à la méfiance

Omar el-Béchir a été destitué il y a plus de quinze jours, mais les abords du ministère de la Défense, lieu de rassemblement des révolutionnaires, ne désemplissent pas. Checkpoints, musique, slogans, rien n’a changé : les Soudanais ont décidé de ne pas quitter la rue et sont toujours des milliers à camper. C'est le cas de Mountassir. "Nos demandes sont aussi claires que le jour. On veut remercier l'armée d'avoir aidé au processus révolutionnaire, mais nous refusons le pouvoir militaire. Il faut qu'ils transfèrent le pouvoir à des civils", explique-t-il. Plus que jamais, les Soudanais veulent protéger leur révolution. Abdelkarim se méfie aussi des militaires et s'inquiète qu'ils s'accaparent le pouvoir dans la durée, "parce qu'on est là depuis je ne sais pas combien de jours et il ne se passe rien", raconte-t-il. 

On est coincé là mais rien n'a changé. Ils disent qu'ils vont faire si ou ça, mais ils n'ont toujours rien fait.

Adbelkarim

à franceinfo

Les manifestants, même très jeunes, veulent aussi que les militaires leur rendent des comptes. Ils réclament justice pour les martyrs et la garantie que l'ancien président sera poursuivi en justice pour ses crimes. "Si El-Béchir ne va pas en prison, si les militaires ne veulent pas s'en occuper, qu'ils ne le donnent. nous on saura quoi faire de lui", lance une femme. En cette veille de week-end au Soudan, les manifestants sont attendus en grand nombre jeudi à Khartoum pour "une marche d'un million" de personnes à l'appel des meneurs de la contestation.

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