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Le Swaziland, une monarchie absolue contestée

Depuis 2011, ce royaume à l'histoire pacifique, enclavé entre Afrique du Sud et Mozambique, est en proie à des manifestations de plus en plus fréquentes. Le mécontentement est alimenté par les sacrifices économiques imposés à une population déjà à la limite de la subsistance et le refus du roi d'engager des réformes démocratiques.
Article rédigé par Jean Serjanian
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Le roi Mswati III du Swaziland, le 25 mai 2012 à Johannesburg. (AFP PHOTO / STEPHANE DE SAKUTIN)

Une partie de l'opposition à Mswati III, roi de ce petit pays d'Afrique australe d'un peu plus d'un million d'habitants, appelle à isoler le monarque sur la scène internationale. Elle l'accuse d'être un despote et de s'enrichir au détriment de son peuple, mais sans grand écho pour l'instant dans un pays où la royauté reste un pilier de l'identité nationale.

Selon Mbongeni Mbingo, directeur du quotidien d'opposition Times of Swaziland (lien en anglais), les Swazis aspirent surtout à la liberté d'association et au droit de choisir leur Premier ministre, actuellement nommé par le roi, et non par le parlement.

Une semaine de manifestations pour la démocratie a secoué la capitale Mbabane en septembre 2011. Les opposants demandent au roi d'ouvrir un dialogue démocratique avec les partis politiques, interdits depuis 1973, et d'adopter une meilleure gestion, alors que le pays est en pleine crise économique et dépend de l'aide extérieure.

Le Pudemo (lien en anglais), principal mouvement d'opposition (interdit), a récemment dénoncé «le règne despotique» de Mswati III, à l'occasion de l'invitation du roi au château de Windsor pour le jubilé de diamant de la reine Elizabeth II, en mai, invitation dénoncée par la diaspora swazie à Londres. Mais les efforts de l'opposition pour accentuer la pression sur le jeune monarque de 44 ans butent sur de nombreux écueils.


Manifestation dans les rues de la capitale Mbabane

AFP, le 11 avril 2012
 

Sur le radar de la communauté internationale, le pays est petit, l'opposition divisée, ses appels souvent lancés depuis l'étranger et, surtout, les Swazis sont très attachés à la monarchie qui les a conduits à l'indépendance en 1968, sous le règne du très révéré Sobhuza II, père de l'actuel roi.

Un monarque omnipotent
Depuis ses 18 ans, Mswati III règne sur ce petit royaume vallonné de 17.000 km², où près de 70% des 1,2 million d'habitants vivent avec moins d'un dollar par jour. Le «Lion de la Nation», aujourd'hui âgé de 43 ans, dispose quant à lui d'une fortune personnelle estimée à une centaine de millions de dollars, ce qui le place au 15e rang des plus grandes fortunes royales au monde, devant le roi d'Espagne ou l'empereur du Japon, selon le magazine Forbes.

Amoureux des voitures de luxe et des fêtes décadentes, Mswati III s'est marié à treize reprises, souvent avec de très jeunes filles. Certaines ont été choisies pendant la Fête des roseaux, où des vierges dansent, seins nus, en l'honneur du souverain. Chacune de ses conjointes – sauf deux en exil et une tenue à l'écart après avoir fauté avec un ministre – dispose de son palace, de son personnel et de voitures de luxe de fonction. Avec 23 enfants, le roi reste très loin derrière son père, marié plus de 70 fois et père de plus de 200 enfants.

 

La dernière monarchie absolue en Afrique

France24, le 5 octobre 2010



Une économie menacée
Pour le Swaziland, un des pays les plus pauvres du monde, «les perspectives macroéconomiques sont sombres», estime le FMI. Dans son rapport annuel sur l'économie swazie, l'institution estime que le produit intérieur brut devrait se contracter de 2% en 2012, si le pays suit les recommandations du FMI (lien en anglais). A contrario, s'il poursuit la même politique économique, le recul pourrait atteindre 5%.

Cet ancien protectorat britannique dépend étroitement de son voisin sud-africain, dont il partage les recettes douanières et d'où ses émigrés envoient des fonds. Son économie est principalement tournée vers l'agriculture vivrière. Le premier employeur est l'Etat, alors même que le pays est plongé dans une crise budgétaire à un niveau critique, avec un déficit qui a atteint 10% du PIB en 2011.

Le sida, fléau national
Au Swaziland, le taux d'infection au VIH/sida est le plus élevé du globe chez les adultes (26,1%).

Selon Médecins sans frontières, qui a alerté en 2010 l’opinion internationale sur la «crise sanitaire» qui frappe le Swaziland, plus de 80% des patients souffrant de tuberculose sont également infectés par le sida. Ces vingt dernières années, en raison de cette double épidémie, l'association estime que l'espérance de vie est passée de 60 à 31 ans.

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