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Pour relancer son industrie cotonnière, le Togo privatise sa principale entreprise publique

L'objectif de la privatisation est de redynamiser le secteur cotonnier aujourd'hui en perte de vitesse et d'en faire une source importante de revenus et d'emplois pour le pays.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Des Togolaises récoltent le coton. (BEATRICE MOLLARET / PHOTONONSTOP)

Autrefois florissant, le coton du Togo est à la peine. Les autorités veulent redynamiser ce secteur stratégique, en le modernisant et en le privatisant. La campagne 2020-2021 a été très décevante pour le pays, avec une production de 67 000 tonnes de coton, soit une baisse de 43% par rapport à la récolte précédente (116 000 tonnes). Le président de la Nouvelle société cotonnière du Togo (NSCT), Simféitchéou Pré, avance plusieurs explications pour ces mauvais chiffres, notamment "la mauvaise qualité des semences de coton" et "des inondations dans le nord du pays".

Baisse des prix et des revenus

La baisse du prix du coton-graine (brut) au prix de 225 FCFA le kilo (0,34€) a poussé de nombreux producteurs à se tourner vers d'autres cultures telles que le maïs et le soja. "L'or blanc", son surnom en Afrique de l'Ouest, ne contribue qu'à hauteur de 1 à 4,3% du Produit intérieur brut (PIB) du Togo, et n'emploie (pour l'ensemble du secteur et ses sous-traitants) que 500 000 personnes sur une population de 8 millions d'habitants.

"Au moins 40 000 cotonculteurs sur 153 000 ont abandonné leur culture durant la campagne écoulée, soit près d'un quart d'entre eux"

Koussouwé Kourouféi, du Groupement togolais des producteurs de coton

à l'AFP

Un secteur vital pour les régions marginalisées

Pourtant, ce secteur agricole est vital pour les petits paysans et notamment ceux qui vivent dans les régions marginalisées du nord. A titre de comparaison, le Bénin voisin enregistre une production de plus de 700 000 tonnes (324 000 tonnes en 2015-2016) pour une part du PIB dépassant les 12% et qui représente 60% du tissu industriel du pays. Patrice Talon, le chef de l'Etat béninois, qui a fait lui-même fortune dans le coton, avait relancé la production à son arrivée au pouvoir en 2016 et privatisé le secteur.

Le Togo a également fait le choix de la privatisation, en cédant 51% des parts de la société publique NSCT au géant singapourien Olam en décembre 2020. Le Groupement des producteurs locaux se partage 25% des actions et l'Etat togolais en conserve 24%. La NSCT devra prendre en charge toutes les activités cotonnières dans le pays, de l'appui aux agriculteurs à la commercialisation, en passant par l'égrenage et la vente.

Le prix d'achat de coton-graine sera hissé à 254 FCFA le kilo et la société va aider les agriculteurs en fournissant des engrais et appuyer la mécanisation du secteur, explique  Martin Drevon, directeur général adjoint chargé des opérations de la NSCT, avec l’objectif d’atteindre une production de 225 000 tonnes d'ici 2025.

Nouvelle usine de transformation

Pour cela, le parc industriel va être réhabilité et une nouvelle usine en construction ambitionne de transformer 25 000 tonnes de fibre ces trois prochaines années. Néanmoins, beaucoup craignent que cette nouvelle acquisition par une multinationale asiatique ne soit que le début d'une politique de rachats de nombreux secteurs, aux dépens des "opérateurs économiques togolais". "Si on se laisse faire, au bout de cinq ans, tout le coton togolais sera entre les mains de ce groupe", s'inquiète Emmanuel Sogadji, président de la Ligue des consommateurs du Togo (LCT). "Et cela ne concerne pas seulement le coton. Il y a également le soja et d'autres produits agricoles. Même si l'économie est libérale, il faut plutôt faire la promotion des investisseurs nationaux", défend-il.

Créé en 1989 au Nigeria, le groupe Olam international est présent dans plus de 60 pays et étend son influence en Afrique. Spécialisé dans l'agro-alimentaire, ce groupe est désormais détenu majoritairement par le japonais Mitsubishi et par Temasek, le fonds souverain de Singapour.

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