Tunisie : Alliot-Marie reconnait que la France a été "surprise"
Michèle Alliot-Marie était au cœur du cyclone. Après sa proposition controversée de former les policiers tunisiens alors que les tirs à balles réelles des forces de l'ordre faisaient des dizaines de morts dans les rues, des voix se sont élevées pour demander sa démission. Rien de tel ce matin devant la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, qui l'auditionnait sur la situation en Tunisie.
Les députés de l'opposition ont dénoncé la “complaisance” de la France et son silence durant les évènements et lors de la fuite de Zine Ben Ali : “Il n'y a qu'à voir qui prend ses vacances et où, dans quelles conditions et dans quels pays du Maghreb”, persifle le communiste Jean-Paul Lecoq, s'attirant quelques huées.
La ministre a expliqué que la France a été totalement prise de court par les évènements en Tunisie. “Nous savions certes le désarroi de la jeunesse (...) l'exaspération de la population face à l'accaparement des richesses”, plaide-t-elle. Mais le gouvernement ne s'attendait pas au tempo de cette “révolution de jasmin” : “nous avons tous été surpris par la rapidité de cette révolution”, admet-elle.
_ De fait, vendredi dernier, alors que Zine Ben Ali prenait la fuite, de nombreux ministres étaient retournés dans leurs circonscriptions, explique Michèle Alliot-Marie.
Mais la mesure de la réaction française s'explique aussi selon la ministre par une retenue qu'elle estime nécessaire : “nous voulons aider, mais tout en étant respectueux, sans interférer et selon les principes de la non-ingérence”. Cette discrétion serait d'autant plus nécessaire que la Tunisie est un ancien protectorat français et de ce fait, “un regard particulier peut être porté sur notre action”, estime Michèle Alliot-Marie. Elle a récusé toute complaisance.
Le socialiste Gaëtan Gorce a dénoncé une “erreur d'appréciation” de la ministre sur sa proposition de coopération policière. Il a déploré qu'elle n'ait prononcé aucune parole de regret sur l'usage de la violence et dénonce “l'indifférence” du gouvernement. Mise en cause depuis plusieurs jours sur ces propos, Michèle Alliot-Marie s'est de nouveau défendue, estimant que ses paroles avaient été “déformées et mal interprétées”. Elle s'est dit “scandalisée” , assurant qu'elle a toujours été très sensible “aux souffrances du peuple tunisien”. Dans la chaleur de la polémique, elle a admis avoir douté d'elle, ayant pris la parole après “une nuit en avion”. Mais elle a répété que sa proposition s'appuyait sur le savoir-faire de la police française, qui a su gérer plusieurs situations d'émeutes, lors du G20 de Strasbourg ou à Villiers-le-Bel, a-t-elle rappelé, sans faire de tués parmi les manifestants. Elle a assuré qu'elle était “bouleversée par les tirs à balles réelles” et qu'elle “déplorait l'usage disproportionné de la force”.
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