Tunisie : Ben Ali dit avoir compris la révolte
Actualisé à 22h50 avec la levée de la censure sur Internet
C'est un retournement historique qui s'est produit ce soir en Tunisie. Zine el Abidine semble avoir enfin pris la mesure du mécontentement qui gronde, en Tunisie.
_ Dans une intervention à la télévision d'Etat - la troisième depuis le début des échauffourées, mais la première prononcée en arabe dialectal, histoire, sans doute, d'être compris du plus grand nombre - le président tunisien a annonce toute une série de mesures, destinées sans aucun coute à calmer les esprits.
Le catalogue de ces mesures est plutôt impressionnant : d'abord, il ordonne aux forces de l'ordre de ne plus faire usage d'armes à feu contre les manifestants.
Ensuite, il annonce une baisse des prix du pain, du lait et du sucre - histoire de ne pas oublier que tout est parti de là, de la cherté de la vie.
Et ce n'est pas tout : il promet la liberté de la presse et la fin des mesures de blocages des sites internet.
_ Last but not least, il annonce qu'il ne briguera pas un nouveau mandat, lors de la prochaine présidentielle prévue en 2014. “Je refuse que la condition délimitant l'âge du candidat à la présidentielle soit touchée”, dit-il. L'âge maximum est de 75 ans, et Ben Ali en a aujourd'hui 74.
Enfin, il y a cet aveu : Ben Ali confesse avoir été “trompé” sur l'analyse de la crise. Comme on ne se refait pas, il a ordonné une enquête, pour établir l“es responsabilités de chacun”...
Dans l'immédiat, cette intervention télévisée a été saluée par des cris de joie en Tunisie. Dans la capitale, Tunis, l'envoyée spéciale de France Info signale que la population est descendue dans la rue, malgré le couvre-feu toujours en vigueur. Elle qui hier huait le nom de son président le scande aujourd'hui avec joie.
Et quelques heures plus tard, les Tunisiens ont pu constater que les sites Internet qui étaient bloqués, Dailymotion et Youtube notamment, étaient de nouveau accessibles.
Reste que les concessions annoncées ce soir auront du mal à effacer la nouvelle journée de contestation, encore ensanglantée. Au moment même où Ben Ali était à la télévision, deux civils étaient tués. Un peu plus tôt dans la journée, cinq autres au moins ont été blessés par balles, lors d'affrontements avec la police dans le centre de la capitale.
_ La Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme affirme que 66 personnes ont été tuées depuis le début des troubles, mi-décembre.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.