Cet article date de plus d'onze ans.

Tunisie. Le parti Ennahda, un habitué des dérapages et des polémiques

Un député du mouvement islamiste a déclenché un tollé en minimisant les conséquences de l'excision. Avant cela, plusieurs députés s'en étaient déjà pris aux femmes et aux mères célibataires. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une session pleinière de l'Assemblée nationale constituante tunisienne, le 14 février 2013 à Tunis (Tunisie). (SALAH HABIBI / AFP)

La déclaration a fait bondir les députés de l'opposition tunisienne. Dans une interview publiée dimanche 10 mars dans le journal Le Maghreb, un député du parti islamiste Ennahda a qualifié l'excision d'"opération esthétique pour la femme". Déformation de propos ou réelle provocation, cette épisode vient allonger une liste déjà longue de déclarations polémiques, visant surtout les femmes. 

L'excision ? "Une thérapie"

Cette provocation est la dernière en date. Dans cette interview, Habib Ellouze, député appartenant à la frange dure d'Ennahda, avance une explication, pour le moins controversée, de l'excision. Selon l'élu, "dans les régions [d'Afrique] où il fait chaud, les gens sont contraints d'exciser les filles à titre de thérapie car dans ces régions, les clitoris sont trop grands et gênent l'époux." Et d'ajouter : "On excise ce qu'il y a en plus, mais ce n'est pas vrai que l'excision supprime le plaisir chez les femmes. C'est l'Occident qui a exagéré le sujet." Ces déclarations ont immédiatement fait réagir en Tunisie. "Il est inacceptable qu'un député valorise un crime contre la femme", s'est emportée une députée de l'opposition. Depuis, Habib Ellouze accuse le journal d'avoir déformé ses déclarations.

La femme ? "Complémentaire de l'homme"

En août, c'est le projet de Constitution qui a provoqué l'indignation de l'opposition. Comme le rapporte Rue89, le mouvement islamiste Ennahda avait proposé deux versions d'un article consacré aux femmes. L'une d'entre elles proposait d'assurer "la protection des droits de la femme et de ses acquis, sous le principe de complémentarité avec l’homme au sein de la famille et en tant qu’associé à l’homme dans le développement de la patrie". Il avait été adopté par l'Assemblée nationale constituante (ANC). Le mot "complémentarité" a fait bondir les associations de femmes tunisiennes. Après une vive polémique, le texte a finalement été abandonné en septembre, relate Slate Afrique

Les mères célibataires ? "Une infamie"

Ce rapprochement hasardeux a été prononcé en novembre 2011 par Souad Abderrahim, députée très médiatique d'Ennahda, se présentant comme une défenseuse de "l'islam modéré". Au micro de la radio arabophone française Monte Carlo Doualiya, cette pharmacienne de 47 ans, non voilée, assure pourtant que "les mères célibataires ne devraient pas aspirer à un cadre légal qui protège leurs droits", avant de les qualifier d'"infamie". D'après Libération, elle ajoute même qu'"éthiquement, elles n'ont pas le droit d'exister".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.