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Accidents de la route en Tunisie: «Nous vivons un terrorisme routier»
Au moins 16 personnes ont été tuées, et 85 blessées, le 31 août 2016 à l'aube dans un accident d'une rare gravité impliquant un poids lourd, un bus de transport public et plus d'une dizaine de véhicules près de Kasserine (centre-ouest), selon un dernier bilan. Une affaire qui souligne les ravages de l’insécurité routière en Tunisie.
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Les premiers éléments de l'enquête ont révélé que les freins du camion (apparemment chargé de ciment et venu d’Algérie) ont cédé, entraînant une méga-collision. L'accident a eu lieu aux abords d'un marché qui se tenait en bord de route, ce qui explique le nombre important de blessés. Le nouveau Premier ministre Youssef Chahed a annoncé «l'ouverture immédiate d'une enquête pour déterminer les circonstances exactes et définir les responsabilités».
Les images du drame ont suscité l'émoi et fait parler d'un fléau souvent relégué au second plan ces dernières années.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la mortalité routière en Tunisie est pourtant la plus élevée d’Afrique du Nord après la Libye, avec 24,40 tués pour 100.000 habitants. Les accidents de la route coûtent au pays «plus de 1500 morts et 13.000 blessés par an», expliquent les autorités tunisiennes citées par l’OMS. Ils sont «l’une des premières causes de morbidité chez les 44-50 ans et la première chez les 15-20 ans».
Le secrétaire général de l'Association tunisienne de la prévention routière, Imed Touil, interrogé par l’AFP, a jugé l'Etat «premier responsable», déplorant un manque de financement de campagnes de sensibilisation. Il souligne le coût économique et social d'un fléau qui décime en premier lieu la jeunesse: «60% des victimes ont entre 15 et 39 ans», selon lui. «Je le dis sans détour: nous vivons un terrorisme routier. Le nombre d'accidents est tout bonnement effrayant», s'est-il insurgé, demandant des «lois plus dissuasives».
Un responsable policier réclame notamment une généralisation du retrait de permis, qualifiant la législation actuelle de «très souple». Trop souple, diront certains. Le retrait de permis, «c'est ce qui fait vraiment mal au conducteur» contrevenant aux règles, ajoute le policier.
Corruption
Régulièrement dénoncée comme un obstacle à la relance de l'économie cinq ans après la révolution, la corruption explique aussi en partie l'hécatombe routière.
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux dénoncent la pratique persistante du bakchich. En juin, l'une d'elle, qui montrait un agent réclamant 40 dinars (16 euros) pour ne pas verbaliser un conducteur, a fait scandale. Le policier a été suspendu.
Mais il en faudrait plus pour contrer le phénomène car le sentiment d'impunité des forces de l’ordre et des conducteurs adeptes du bakchich est tenace, estime sous couvert d'anonymat un policier du centre de Tunis. «Le conducteur n'a plus peur de la police et ne respecte pas le code de la route», déplore-t-il.
Parc automobile vieillissant
Autre problème : le comportement du conducteur tunisien n’est pas toujours exemplaire. Et les entorses au code de la route sont nombreuses : feux rouges grillés (ou en panne), sens interdits non respectés, voitures garées en double file ou circulant sur les rails des tramways... Une situation que l’on retrouve dans de nombreux pays du monde !
Il faut aussi évoquer un parc automobile (1,9 million de véhicules, en hausse de 70.000 unités par an, pour une population de 11 millions d’habitants) vieillissant. Dans le même temps, «le marché parallèle représente 33% des immatriculations». Ce qui n’est pas forcément rassurant sur le bon état des voitures en circulation…
Les autorités n’hésitent pas à reconnaître l'ampleur du problème. «Il y a une dérive (...) qui nécessite d'importants moyens», a déclaré à l'AFP le ministre de l'Intérieur Hédi Majdoub. Mais, ajoute-t-il, la Tunisie «a connu beaucoup de bouleversements après la révolution. Elle s'est penchée sur des choses énormes, essentiellement le terrorisme». Accessoirement, le pays a aussi eu à affronter une situation politique, économique et sociale particulièrement difficile.
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