Pourquoi la nouvelle Constitution tunisienne est une "étape historique"
Les élus de l'Assemblée nationale constituante ont approuvé cette loi fondamentale à une majorité écrasante de 200 voix pour, 12 contre et 4 abstentions.
Le moment était très attendu dans le berceau du "printemps arabe". La Constituante tunisienne a adopté, dimanche 26 janvier en fin de soirée, la nouvelle Constitution du pays, plus de trois ans après la révolution qui avait déclenché une vague de contestation dans le monde arabe.
Francetv info revient sur l'adoption chaotique de ce texte, une "étape historique" pour l'ONU, et sur les enjeux auxquels la Tunisie doit désormais faire face.
Parce qu'elle consacre la parité et la liberté de conscience
La nouvelle Constitution consacre un exécutif bicéphale et accorde une place réduite à l'islam. Elle introduit aussi pour la première fois dans le monde arabe un objectif de parité homme-femme dans les assemblées élues.
Fait notable, le texte garantit la liberté de conscience, là aussi une première dans le monde arabe, note Le Monde (article payant). "Avoir le droit de changer de religion ou de ne pas en avoir, c’est tout à fait révolutionnaire pour un pays musulman !" confirme à La Croix Ferhat Horchani, président de l’Association tunisienne de droit constitutionnel. Selon lui, ce texte de compromis "comporte les garanties minimales en matière de droits et libertés".
Parce que son élaboration a duré plus de deux ans
L'adoption du texte à une majorité écrasante - 200 voix pour, 12 contre et 4 abstentions - fera difficilement oublier les atermoiements des derniers mois. L'Assemblée, élue en octobre 2011, devait à l'origine achever la loi fondamentale en un an, mais ses travaux ont pris un retard considérable en raison de crises à répétition opposant notamment les islamistes d'Ennahda, majoritaires, et leurs détracteurs.
Finalement, pas moins de deux ans de débats et trois semaines de séances plénières quasi ininterrompues ont été nécessaires, comptabilise Le Monde.
Parce que c'est un pas pour sortir de la crise politique
Quelques heures avant l'adoption du texte, un nouveau gouvernement d'indépendants a été composé, avec pour objectif de conduire la Tunisie vers des élections législatives et présidentielle en 2014.
Les islamistes d'Ennahda ont en effet accepté de quitter le pouvoir pour laisser un cabinet apolitique sortir la Tunisie de la profonde crise déclenchée par l'assassinat, attribué à la mouvance jihadiste, du député d'opposition Mohamed Brahmi en juillet.
Le nouveau gouvernement devra faire face à une situation économique très difficile, la croissance restant en berne et le chômage très élevé notamment en raison de l'incertitude et de l'instabilité dans le pays depuis 2011.
"L'un des gros échecs de la révolution est de ne pas avoir su résorber les inégalités au sein du pays", expliquait à francetv info le spécialiste Vincent Geisser. "A l'intérieur et au centre du pays, à Sidi Bouzid, là d'où la contestation était partie fin 2010, la situation économique et sociale est toujours très difficile."
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