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Tunisie : Ghannouchi (Ennahda) n’est plus islamiste mais conservateur de droite

Le président et leader historique du mouvement islamiste tunisien Ennahda, Rached Ghannouchi, a sans surprise été réélu lundi 23 mai à l'aube à la tête de son parti. Ennahda a fait sa mue : il n’est plus un parti islamiste mais «civil», conservateur.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Rached Ghannouchi réélu à la tête d'Ennahda (YASSINE GAIDI / ANADOLU AGENCY/ AFP)

«Nous nous dirigeons de manière sérieuse, cela a été adopté aujourd'hui, vers un parti politique, national, civil à référent islamique, qui œuvre dans  le cadre de la Constitution du pays et s'inspire des valeurs de l'islam et de la modernité», s’enthousiasme Rached Ghannouchi. Le dixième congrès du parti tunisien Ennahda a acté la séparation de la religion de la politique, une révolution pour un parti islamiste. C’est sous l’impulsion de son leader historique qu’Ennahda, l’une des principales forces politiques tunisiennes, a fait sa mue. Elu une nouvelle fois à la tête de son parti, l’ancien prédicateur, qui a vécu en exil à Londres pendant près de vingt ans avant son retour après la révolution de 2011, veut rompre avec l’islamisme politique.
 
Démocratie musulmane 
«Nous voulons un parti qui parle des problèmes quotidiens, de la vie des familles et des personnes, et non pas un parti qui leur parle du jugement dernier, du paradis, etc. Nous voulons que l’activité religieuse soit complètement indépendante de l’activité politique. Il n’y a plus de justification à l’islam politique en Tunisie», explique Rached Ghannouchi au Monde (lien payant).

Ennahda a tenu son dixième congrès le 22 mai 2016 (YASSINE GAIDI / ANADOLU AGENCY/ AFP)

Le passage d’Ennahda au pouvoir (fin 2103-début 2014) a montré les limites de l’islamisme politique dans la gestion économique et politique. C’est en tirant les conclusions de cet échec que Rached Ghannouchi avait décidé de prendre ses distances avec la confrérie des Frères musulmans. En avril 2016, il a rompu «idéologiquement et organiquement» avec les Frères musulmans en privilégiant la carte de «démocratie musulmane».
 
Pari sur l'avenir. Bien qu'arrivé deuxième au dernier scrutin législatif fin 2014, le parti Ennahda est aujourd'hui la première force au Parlement après l'implosion de son ancien adversaire, le parti Nidaa Tounès du président Béji Caïd Essebsi,  avec qui il a scellé une alliance gouvernementale. Rached Ghannouchi fait un pari : son allié Nidaa Tounès va s’écrouler aux prochaines élections. 

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