Une catastrophe annoncée par les Comoriens de France
Le 11 août prochain, une manifestation est programmée à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Elle est organisée par une association : SOS-Voyages aux Comores pour dénoncer les conditions de transport des passagers qui empruntent les lignes aériennes entre la France et l'archipel. La manifestation avait été programmée avant l'accident de cette nuit, au large de Moroni.
Ce matin, la détresse des proches des victimes se double donc d'une immense colère de la communauté comorienne, tournée à la fois contre la compagnie Yemenia, mais aussi contre les autorités françaises, comoriennes et yéménites, qui n'ont pas entendu les avertissements lancés par les passagers.
“POUR EUX, ON EST DES BETES” (une passagère)
Les Comoriens de France, inquiets depuis plusieurs années, se mobilisent fortement depuis un an. Le mouvement est parti l'an dernier de Marseille, où vit une partie importante de la communauté (80.000 personnes sur 250.000 Comoriens en France, selon les associations). Une première manifestation a d'ailleurs eu lieu à l'aéroport de Marseille-Marignane, rassemblant 300 personnes.
“L'accident était prévisible, ce sont des avions qui ne répondent pas aux normes internationales. Yemenia était la moins chère de toutes les 'compagnies poubelles' et avait un quasi-monopole sur cette destination”, s'emporte aujourd'hui Farid Soilihi, président de l'association SOS-Voyage aux Comores. A bord des avions, “il n'y a pas de ceinture, les toilettes sont bouchées, les coffres à bagage se détachent et (les bagages) tombent sur les passagers. Il n'y a absolument aucune condition de sécurité à bord”, dénonce-t-il.
_ Il a envoyé un courrier la semaine dernière aux ministères français des Affaires étrangères, de l'Intérieur et des Transports pour tenter de les alerter.
Sièges dévissés et déchirés, manque d'eau et de nourriture pour les enfants, et même brutalités envers les passagers, telles sont les conditions de voyage, selon l'association. L'an dernier, certains auraient été “tabassés” lors des transits à Sanaa : “On est du bétail qu'on charge dans des hangars. On est maltraité physiquement et moralement. Pour eux, on est des bêtes”, se plaint une passagère occasionnelle.
Le consul des Comores à Marseille, interpellé ce matin, assure que “les
recherches des responsabilités sont non seulement nécessaires
mais inévitables”. Mais “les Comores sont un pays de 800.000 habitants qui ne peut pas s'offrir une compagnie nationale. Les compagnies internationales ont abandonné cette destination, c'est le cas d'Air France comme beaucoup d'autres compagnies”, plaide Stéphane Salord.
_ Yemenia doit prochainement être auditionnée par le comité de sécurité de l'Union européenne.
Grégoire Lecalot, avec agences
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