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Algérie : interrogations après l'issue sanglante de la prise d'otages

Selon les autorités algériennes, 23 otages étrangers et algériens et 32 ravisseurs sont morts dans la prise d'otages du complexe gazier d'In Amenas. Mais le bilan va être revu à la hausse, prévient Alger. Pouvait-on éviter un tel bain de sang ? Selon François Hollande, l'Algérie a eu "les réponses" les "plus adaptées". Un avis que ne partagent pas tout à fait Londres ou Tokyo.
Article rédigé par Cécile Quéguiner
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (Maxppp)

On sait encore très peu de choses de la prise d'otages débutée mercredi sur le site gazier et de l'intervention des forces spéciales algériennes lancée dès le lendemain. Tout s'est passé à huis-clos sur ce site en plein désert saharien, loin des caméras et des journalistes. 

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Ceci autorise donc toutes les conjectures. Fallait-il négocier ? Ou lancer l'assaut ? Aurait-on pu sauver plus d'otages ? Le bilan en effet est très lourd : selon les chiffres fournis par le ministère de l'Intérieur algérien, 32 ravisseurs ont été tués et 23 otages : deux lors de l'attaque initiale du groupe armé mercredi et 21 pendant leur capture, dont sept "assassinés " samedi par leurs ravisseurs pendant l'assaut final, selon la télévision d'État.

Chiffres provisoires ? Dix Japonais et sept autres étrangers sont toujours portés manquants, selon leur employeur JGC Corp. Et l'on ignore s'ils font partie des 23 victimes recensées, ou non. La Grande-Bretagne ce dimanche matin confirme aussi la mort de trois Britanniques et un résident du Royaume-Uni. Alger a prévenu ce dimanche matin que ce bilan

Les critiques voilées de Londres et Tokyo

Certaines chancelleries ont eu du mal à dissimuler leur irritation face aux méthodes du pouvoir algérien pendant cette interminable traque, regrettant notamment de ne pas avoir été prévenues de l'intervention de jeudi matin. La Grande-Bretagne et le Japon surtout, même si tout cela s'exprime en termes très diplomatiques. Tokyo a convoqué l'ambassadeur algérien séance tenante, après le premier assaut. À Londres, la critique point quand Philipp Hammond, le ministre de la Défense, affirme : "Les Algériens ne font pas forcément les choses de la manière dont nous les aurions faites ". 

Aux États-Unis, Barack Obama, encore plus diplomate, estime que la responsabilité de la tragédie est à imputer "aux terroristes ". Mais il promet de rester en contact étroit avec Alger pour "mieux comprendre ce qui s'est passé " et "de travailler ensemble pour prévenir de telles tragédies à l'avenir ". 

Aurait-il fallu négocier ?

François Hollande, en visite en Corrèze, est venu lui à la rescousse des Algériens. "Nous n'avons pas encore tous les éléments mais quand il y a une prise d'otages avec autant de personnes concernées, et des terroristes aussi froidement déterminés , a-t-il déclaré, un pays comme l'Algérie a les réponses qui paraissent, à mes yeux, les plus adaptées car il ne pouvait pas y avoir de négociation ". 

Même discours de la part de Laurent Fabius, ce dimanche, sur Europe 1, qui s'est déclaré heurté qu'on ait le sentiment que "ce sont les Algériens qui sont mis en cause, alors que ce sont les terroristes " qui doivent l'être. "Ce sont des tueurs, ils pillent, ils violent, ils saccagent. Aucune impunité pour les terroristes ", a-t-il affirmé. 

"Il n'y a pas de solution tactique satisfaisante face à des terroristes suicidaires"

Pour de nombreux spécialistes de l'antiterrorisme, il n'y avait en effet pas d'autre alternative que cette intervention musclée. "Il y a des principes de gestion de crise, comme ne jamais laisser s'enfuir des terroristes avec leurs otages , explique Frédéric Gallois, ancien patron du GIGN. Personne n'a une baguette magique face à des terroristes qui sont suicidaires. Il n'y a pas de solution tactique qui soit   satisfaisante. Il y a toujours des dégâts, hélas ". 

Christian Prouteau, fondateur du GIGN, lui souligne la complexité de cette affaire, de part l'étendue et la structure de "cette forêt de tuyaux " et le nombre exceptionnel de ravisseurs. "Arriver à neutraliser en même temps onze personnes pour essayer de préserver la vie des otages, ça tourne à l'exploit ". Et de dédouaner les forces spéciales algériennes : "On est dans un schéma de guerre où les otages deviennent des écrans potentiels ou des militaires désarmés malgré eux que dans une prise d'otages classiques, comme Djibouti pour nous ", explique-t-il. 

Des ravisseurs déterminés et multi-armés

Ces hommes in fine ont-ils laissé le choix aux autorités algériennes ?Pas vraiment, si l'on en croit les informations parcellaires dont nous disposons. Selon un enregistrement diffusé par l'agence de presse mauritanienne ANI, le chef supposé du groupe de ravisseurs, Abdelrahmane, dit le "Nigérien", avait menacé de "faire exploser" les otages si l'armée s'approchait trop près de l'usine. Enregistrement daté de jeudi après le premier assaut. 

Certains rescapés ont également raconté que les ravisseurs avaient posé des ceintures d'explosifs sur des otages étrangers dès mercredi. La société Sonotrach, dans un communiqué, a affirmé samedi que "l'usine avait été minée dans le but de la faire exploser ".

Enfin, un communiqué du ministère algérien de l'Intérieur liste l'arsenal lourd récupéré samedi : "six fusils-mitrailleurs, 21 fusils, deux fusils à lunettes, deux mortiers 60 mm avec roquettes, six missiles avec rampe de lancement, deux RPG7 avec huit roquettes et 10 grenades disposées en ceintures explosives ". 

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