Alors que la France a accueilli lundi 35 Irakiens blessés, de nouveaux attentats ont frappé mercredi la capitale
Quelque 13 bombes et deux obus de mortier ont touché, mardi soir, des maisons et magasins appartenant à des chrétiens, faisant au moins six morts et 26 blessés. Un nouveau vent de panique pour une communauté déjà touchée par une attaque d'Al Qaïda il y a 10 jours dans une église. Les blessés ont été ramenés en France lundi pour y être soignés.
Les chrétiens d'Irak sont plus que jamais dans le viseur des terroristes. Déclarés "cibles légitimes" par Al-Qaïda, ils ont été visés, dès mardi soir, par une nouvelle série d'attentats. Selon le ministère de la Défense irakiens, "depuis mardi soir, il y (avait) eu 13 bombes et deux obus de mortier contre des maisons et des magasins appartenant à des chrétiens, qui ont fait au total 6 tués et 33 blessés" à Bagdad. Le ministère de l'Intérieur annonce trois morts et 26 blessés. Une église a de nouveau été endommagée.
Une vague de violence anti-chrétiens souffle sur l'Irak depuis dix jours et l'attaque de la cathédrale syriaque catholique Notre-Dame du Perpétuel Secours, dans le centre de la capitale. "On ne sait pas quel but poursuivent ces criminels mais ce qui est certain c'est que cela va pousser encore plus de chrétiens à émigrer. Où est la sécurité que doit offrir le gouvernement aux citoyens chrétiens ou musulmans? Tout cela est très triste", a déclaré à l'AFP le vicaire épiscopal syriaque catholique Mgr Kasha.
Les blessés ramenés en France
Lundi soir, l'avion médicalisé de la compagnie aérienne française Aigle Azur s'est posé vers 22H45 à Orly. Ce transport s'est fait dans le cadre d'un rapatriement sanitaire organisé par la France. A son bord, 35 blessés, dont 34 chrétiens et un garde du corps musulman, ainsi que 19 accompagnateurs.
Ils ont été accueillis à leur descente d'avion par le ministre de l'Immigration, Eric Besson, puis seront orientés vers des hôpitaux de la région parisienne. "La France, lorsqu'elle mène des opérations de solidarité, elle ne se pose pas la question de la couleur de la peau ni de la religion", avait déclaré le ministre peu avant l'atterrissage.
1 300 chrétiens d'Irak accueillis depuis 2007
"Cet accueil s'effectue conformément à la tradition d'asile de la France", a affirmé le ministre français de l'Immigration. "La France est la première terre d'asile en Europe et la deuxième dans le monde derrière les Etats-Unis. Nous sommes le pays en Europe qui accueille le plus de réfugiés persécutés du fait de leurs opinions politiques, de leur religion ou de la couleur de leur peau", a-t-il ajouté.
M. Besson a souligné que 1300 chrétiens d'Irak ont été accueillis en France depuis l'initiative prise à l'automne 2007 par le président de la République Nicolas Sarkozy d'accueillir des Irakiens "appartenant à ces minorités religieuses vulnérables", représentant ainsi "un taux d'acceptation des demandes d'asile de 85%" pour cette communauté.
Rappel des faits
Le 31 octobre, un commando d'Al-Qaïda avait pris d'assaut en pleine messe la cathédrale Notre-Dame du Perpétuel Secours, au coeur de Bagdad, dans une des plus meurtrières attaques contre la communauté chrétienne d'Irak. Quarante-quatre fidèles, en majorité des femmes et des enfants, deux prêtres et sept membres des forces de sécurité irakiennes avaient péri.
Après l'attaque de l'église, de nombreux chrétiens d'Irak ont confié vouloir quitter leur pays face aux menaces islamistes. Mercredi, Al-Qaïda en Irak a estimé que les chrétiens étaient désormais des "cibles légitimes".
Victime d'attaques répétées, la communauté chrétienne est passée de 800.000 fidèles à 500.000 depuis l'invasion menée par les Etats-Unis en 2003. A Bagdad, cette communauté est passée de 450.000 à 150.000. Il ne reste que 14 paroisses chaldéennes (catholiques de rite oriental) dans la capitale contre 28 il y a sept ans.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.