Qui a hissé des drapeaux blancs sur le pont de Brooklyn ?
La police new-yorkaise enquête pour déterminer l'origine de cette opération périlleuse qui n'a pas encore été revendiquée. Action terroriste ou performance artistique ? Francetv info revient sur cette affaire qui intrigue les Américains.
Si c'est une blague, elle n'amuse pas les autorités new-yorkaises. Mardi 22 juillet, les habitants de la "Grosse pomme" ont constaté que les drapeaux américains surplombant les deux tours installées de part et d'autre du pont de Brooklyn, avaient disparu. Ou plutôt, ils avaient laissé place à deux drapeaux blancs. Reddition ? Oeuvre d'art ? Geste politique ? "A ce stade, rien n'indique que cette action ait un lien avec le terrorisme, ou même avec la politique", a indiqué un officier de la police new-yorkaise, John Miller, cité par ABCNews.
Alors que l'enquête suit la trace de quatre à cinq personnes, repérées par des caméras de surveillance installées sur les tours, francetv info revient sur ce coup de maître qui passionne les New-Yorkais.
Entre la menace terroriste...
Le New York Daily News, l'un des journaux de la ville, sait ce qui affole son lectorat. Au lendemain de la découverte des drapeaux blancs, le quotidien s'enflamme en une : "Cette fois, c'était un drapeau, la prochaine fois, cela pourrait être une bombe", titre-t-il.
Fears rise after Brooklyn Bridge breach. http://t.co/oESeuHi5Rx pic.twitter.com/DaAnDvQCvp
— New York Daily News (@NYDailyNews) July 23, 2014
Dans une ville traumatisée par les attentats du 11-Septembre, la sécurité est une question sensible. "Nous avons de la chance qu'ils n'aient posé qu'un drapeau là-haut", a, en effet, réagi un policier, cité cette fois par le New York Post. Et pour cause, la méthode utilisée par les "changeurs de drapeau" traduit une action réfléchie : sur les lieux vers 3 heures du matin, ils sont parvenus à s'introduire discrètement dans les tours et à couper l'éclairage pendant 13 minutes. Durant ce laps de temps, ils ont installé un drapeau américain décoloré (tout blanc, même si l'on distingue en relief les coutures de la bannière étoilée) et couvert les spots censés l'éclairer, de large seau d'aluminium, a précisé John Miller, l'un des responsables de la police locale.
Ainsi, ce n'est qu'au levé du jour qu'un policier a constaté la substitution. Pour les forces de l'ordre, une telle maîtrise laisse à penser que les auteurs de cette action bénéficient d'une solide expérience dans ce type d'ascension, voire d'une bonne connaissance du pont en lui-même. Selon le New York Post, "les autorités tentent donc de savoir comment cet édifice, par ailleurs considéré comme une potentielle cible terroriste, a pu devenir si vulnérable."
Pour le représentant de Brooklyn, Eric Adams, "nous ne nous rendrons jamais devant la sécurité, a-t-il réagi dans un communiqué. L'expression politique et sociale, quel que soit son message, a sa place dans notre société, mais pas aux dépens de la sécurité d'autrui." Il propose "de récompenser, sur ses propres fonds, quiconque pourrait apporter des renseignements sur les suspects", rapporte Business Insider.
... et le message artistique
“Il se peut que ce soit un projet artistique, ou juste l'envie de quelqu'un de faire passer un message. [Mais] nous n'avons reçu aucune revendication crédible", a expliqué John Miller. En attendant, les New-yorkais cherchent à donner du sens à cette action. Brooklyn et sa population branchée a-t-elle reconnu sa défaite face à la puissante Manhattan ? A moins que ce soit cette dernière, chic et embourgeoisée, qui abandonne face à sa vivante voisine, comme le suggère un journaliste du Wall Street Journal ? "Une reddition [de Brooklyn] aux forces de la gentrification ?", tente un internaute.
There's a white flag on the Brooklyn Bridge today. A surrender to forces of gentrification? http://t.co/ZBDQMZBjTb pic.twitter.com/pnFnGSiGKm
— Sean Ludwig (@seanludwig) July 22, 2014
Jouant de la rivalité entre Manhattan et Brooklyn, deux des cinq "burrough" (quartier) de la ville, le New York Post a brillamment titré mercredi : "Les Hipsters se rendent."
New York Post genius pic.twitter.com/B06XGYXQwN
— michaelscherer (@michaelscherer) July 23, 2014
Comme le relève le site Citylab, ce n'est pas la première fois que le pont de Brooklyn se retrouve au cœur d'une mystérieuse performance artistique. Le 31 mai, un piano à queue avait fait une soudaine apparition, installé sous l'un des pieds d'une des deux tours.
Interrogée par Business Insider, la mairie a indiqué enquêter pour savoir si la transformation était l'œuvre d'une équipe de tournage. A moins qu'il ne s'agisse d'une opération marketing ? Les internautes ont leur petite idée : une publicité pour "White Flag II", un éventuel nouveau single de Dido, star des années 1990 grâce à un titre du même nom ? Quid de Guided By Voices ?
2 mysterious white flags on the Brooklyn Bridge can only signify one thing - "White Flag II" the new single from Dido. Now on iTunes.
— Jason Gore (@sonicdork) July 22, 2014
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