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Dictateur panaméen, narco-trafiquant, Noriega rentre au pays

C’est l’histoire d’un dictateur, qui a connu des années fastes avant d’accumuler les ennuis. Manuel Antonio Noriega, à la tête du Panama de 1983 à 1989, vient de rentrer dans son petit pays d’Amérique centrale après une vingtaine d’années passées derrière les barreaux aux Etats-Unis et en France.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Manuel Noriega à son arrivée en prison, à 25 km de Panama City, le 11 décembre 2011. (AFP PHOTO/ Rodrigo ARANGUA)

L'ancien "voisin" de cellule du terroriste Carlos à la prison de la Santé à Paris a été extradé le 11 décembre vers le Panama. Direction prison. A 77 ans, il doit encore purger trois peines de 20 ans pour sa responsabilité dans des disparitions d'opposants à la fin des années 80. Autant dire qu’il devrait finir sa vie derrière les barreaux sauf s'il bénéficie d'une assignation à résidence, comme le permet une loi panaméenne pour les condamnés de plus de 70 ans.
 

Une opération de diversion lors de son arrivée au Panama

 

Il avait été extradé en France en avril 2010, où il avait pris sept ans ferme pour avoir blanchi 2,3 millions d’euros d’argent de la drogue, après 17 ans à l’ombre à Miami, en Floride.

Un petit pauvre qui doit son ascension à l’armée
Rien ne prédestinait ce gamin pauvre né dans une famille colombienne le 11 février 1934 à devenir l’homme fort du pays qui l’a vu naître. Ce petit homme trapu, assez laid et grêlé pour que ses ennemis le surnomment plus tard "face d'ananas", a très vite su que l’armée serait son salut.

C’est après le coup d'Etat militaire contre le président Arnulfo Arias, le 11 octobre 1968, qu’il commence son ascension en défendant le nouvel "homme fort" et chef de l'armée, le général Omar Torrijos.

A cette époque, Noriega dirige les services de renseignement. C’est l’époque où il entre en odeur de sainteté avec les Etats-Unis, devenant informateur pour leurs services secrets. S’il tombe vite en désamour, accusé dès 1970 de complicité dans le trafic de drogue entre l'Amérique latine et les Etats-Unis, il touchera de la CIA quelque 320.000 dollars jusqu'en 1986.
 

Son parcours en images


L’armée le porte au pouvoir
Torrijos disparu dans un mystérieux accident d'avion en 1981 – on le dit commandité par Noriega –, il prend tout naturellement sa place, est promu général en 1983 et commande la Garde nationale. Depuis la fin des années 60 et jusqu'en 1989, il devra composer avec six présidents de la République, tous moins puissants que lui. Noriega monte sa petite organisation : répression à l'intérieur et transfert d'argent en Europe. 

Le 30 juin 1987, Washington le lâche. Février 1988 voit son inculpation pour trafic de drogue. Un jury de Miami l'accuse d'avoir transformé le Panama en centre de blanchiment de l'argent  du cartel colombien de Medellin. Il défie les Etats-Unis jusqu’en 1989: le 10 mai, il annule l'élection à la présidentielle de Guillermo Endara. Le 12, l'armée américaine envahit le pays. Le 20 décembre, Noriega se rend et est emmené à Miami.

Son avenir, comme prisonnier ? Peut-être une "attraction touristique" ! C’est en tout cas ce qu’un de ses anciens chefs, le général Ruben Dario Paredes, imagine aujourd’hui.

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