Cet article date de plus d'un an.

Équateur : le candidat à l'élection présidentielle se savait menacé

Fernando Villavicencio, candidat à l'élection présidentielle en Équateur, a été assassiné mercredi 9 août, à 10 jours du scrutin. Un drame qui s'inscrit dans un contexte de flambée de violence dans le pays.
Article rédigé par franceinfo - Éric Samson
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Fernando Villavicencio, candidat à l'élection présidentielle en Équateur, à Quito, le 8 août 2023, veille de son assassinat. (RODRIGO BUENDIA / AFP)

L'état d'urgence a été déclaré en Équateur après l'assassinat d'un candidat à l'élection présidentielle mercredi 9 août, alors que le scrutin présidentiel, prévu le 20 août, est maintenu. Fernando Villavicencio, placé deuxième dans un sondage, était entré récemment en politique, avec comme but de combattre la corruption et le trafic de drogue dans le pays. Il a été tué par balles à la sortie d'un rassemblement électoral.

>> Que se passe-t-il en Equateur, où un candidat à l'élection présidentielle a été assassiné ?

Avant même d’être candidat présidentiel, Fernando Villavicencio était président de la commission de Fiscalisation de l’Assemblée. Il y dénonçait pratiquement tous les jours des cas de corruption dans les gouvernements des anciens présidents Rafael Correa et Lenin Moreno, sans oublier l’actuel Guillermo Lasso. Il y a quelques jours, l'ancien journaliste d’investigation a aussi cité à la tribune le nom d’Alias Fito, chef d’un gang de la côte équatorienne, allié au puissant cartel mexicain de Sinaloa.

Il en avait profité pour s'adresser à ses soutiens : "Vous êtes mes gilets pare-balles, je n’en ai pas besoin. Vous êtes un peuple courageux et je suis courageux comme vous. Les chefs de cartels peuvent venir, leurs tueurs peuvent venir : le temps des menaces est terminé. Ils n’arriveront jamais à me détruire."

L'insécurité grandissante dans le pays

Le candidat se savait donc menacé, et si lui a été tué, cela signifie qu’un citoyen normal a encore moins de chances d’être protégé. L’insécurité est d’ores et déjà le sujet numéro un de préoccupation pour près de 80% des Équatoriens, et cette campagne électorale ne va pas arranger les choses. Il y a quelques semaines, le maire de Manta, l’une des principales villes du pays, a été assassiné ainsi que deux candidats aux législatives. 

Le taux d’assassinats pour 100 000 habitants est passé de 14 à 25 en un an, entre 2021 et 2022, et les chiffres de cette année seront encore pires. Policiers, juges, gardes de prison, sont assassinés régulièrement par des tueurs à gages employés des deux grands cartels mexicains présents dans le pays, Sinaloa et Jalisco Nouvelle Génération, qui travaillent tous avec des groupes mafieux, que l’on appelle en Équateur des GDO, des groupes de délinquance organisée.

Un assassinat revendiqué, puis démenti

Parmi ces groupes, Les Lobos, (loups en espagnol), le deuxième plus important du pays, avec 8 000 hommes armés. Ce jeudi matin, une vidéo de personnes vêtues de noir et cagoulées faisant le signe du loup avec leurs doigts, revendiquant l’assassinat et menaçant un autre candidat Jan Topic, un Franco-équatorien membre de la Légion étrangère en affirmant qu’ils finançaient sa campagne électorale. Apparemment, il s’agissait d’une tentative de déstabilisation d’un candidat qui promet d’être ferme contre la délinquance car quelques heures plus tard, une autre vidéo est apparue où des membres des Loups, à visage découvert, ont affirmé que la première vidéo était fausse. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.