Cet article date de plus de douze ans.

La ville colombienne de Medellín face à la violence

Jusqu'il y a peu, la ville occupait le rang de ville la plus dangereuse d'Amérique latine : elle était alors le quartier général du plus gros cartel de l'histoire du trafic de la drogue. Ce n'est plus le cas mais, Medellín a encore du mal à se débarrasser de sa culture de violence.
Article rédigé par Florencia Valdés Andino
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une femme contemple un escalator construit pour favoriser la mobilité des habitants d'un quartier défavorisé à Medellin. (RAUL ARBOLEDA / AFP)

Dans la capitale du département d’Antioquía (nord-ouest), il y a un avant et un après Pablo Escobar. Pionnier de l’organisation du trafic de la drogue en cartels, il a été, pendant presque vingt ans, à la tête d’un véritable empire, construit dès les années 70. Il contrôle les entrées de cocaïne aux Etats-Unis et devient l'homme le plus recherché au monde. En 1993, il est assassiné à Medellín, son fief.

Les autorités colombiennes espèrent que cette mort marque la fin d'une ère de violence. Mais d’autres ne tardent pas à prendre la place du narco. De nouveaux groupes se forment, les bandits d’un camp passent à l’autre, déclenchant une guerre des gangs. Au début des années 90, Medellín est la ville la plus dangereuse d’Amérique latine.

Vingt ans après, à l'issue d'une lutte menée par les autorités contre le trafic de drogues, cette cité de 2,3 millions d'habitants ne souffre plus de cette réputation. Ciudad Juarez (Mexique) lui a volé la vedette. Entre 2002 et 2007, les pouvoirs publics colombiens ont entrepris une véritable croisade contre la violence, qui a porté ses fruits. La mise en place de nombreuses infrastructures, dont une bibliothèque, a largement contribué à l’assainissement du climat social. 

Mais depuis 2007, les observateurs internationaux et locaux remarquent une recrudescence de la violence : les agressions se multiplient, surtout celles à caractère sexuel, les autorités enregistrent une hausse de la criminalité chez les plus jeunes et la population est forcée de se réfugier dans des quartiers plus calmes, voire de quitter la deuxième ville la plus peuplée du pays. 

Une cité divisée
Des groupuscules mafieux, notamment les cartels de Sebastian et Valenciano, entendent se partager le terrain. Ils convoitent des points stratégiques propices au trafic de personnes, d’armes et de substances illicites. Le phénomène est particulièrement visible dans les périphéries de la ville. La corruption des policiers, moins nombreux que les membres des gangs, et la pauvreté dans certains quartiers expliquent aussi cette recrudescence de la violence.


Nombre d'homicides par quartier à Medellin en 2011 (cliquez sur les points rouges)

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Le quartier de San Javier, au sud de la ville, est le plus meurtrier en 2011

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Données de la Personeria de Medellin, organisme de protection de droits de l'homme affilié au gouvernement.

Des chiffres encourageants
Pourtant, il y a matière à espérer. Dans la América et San Javier, les deux bidonvilles traditionnellement les plus "chauds" de la ville, la police affirme qu'il y a une amélioration : selon elle, on est passé en moyenne de 25 homicides par semaine en 2009 à 15 en février 2010.

Un observatoire local des droits de l’homme constate la même tendance. Selon la même source, entre 2010 et 2011, le nombre d’homicides est passé de 1063 à 942. Cependant, la ville reste six fois plus violente que Bogota, la capitale. Le président Juan Manuel Santos a fait de la lutte contre la criminalité une priorité de son administration. Il a mis en place un programme de police de proximité. Les habitants de Medellín attendent les résultats. 

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