Pérou : le ministère de la Défense décrète l'état d'urgence sur tout le territoire
Le Pérou s'embrase. En réponse à des manifestations grandissantes qui ont fait sept morts depuis dimanche, le ministre de la Défense a décrété l'état d'urgence sur tout le territoire, mercredi 14 décembre, pour une durée de 30 jours. "Il faut une réponse énergique avec autorité" face aux violences, a déclaré Alberto Otarola, soulignant que la mesure comprenait "la suspension de la liberté de circuler et de réunion" avec "possibilité de couvre-feu".
Les manifestants réclament la libération de l'ancien chef d'Etat, Pedro Castillo, et la démission de la nouvelle présidente, Dina Boluarte. Issue du même parti radical de gauche, elle a succédé a l'ancien enseignant de 53 ans, destitué pour "incapacité morale" par le Parlement qu'il avait tenté plus tôt de dissoudre.
Lundi, le nouveau gouvernement avait déjà déclaré l'état d'urgence pour 60 jours dans sept provinces de la région d'Abancay (Sud) et révoqué tous les préfets nommés par le gouvernement de Pedro Castillo. Le lendemain, le ministre de la Défense avait étendu cette mesure à deux autres régions du sud du pays.
La présidente veut avancer les élections
La présidente péruvienne a promis une nouvelle fois, mercredi, la tenue d'élections anticipées, espérant un scrutin en décembre 2023. "Légalement, cela fonctionnerait pour avril 2024, mais en faisant des ajustements, on peut les avancer à décembre 2023", a-t-elle annoncé à la presse. Sous la pression des manifestations, Dina Boluarte s'était déjà engagée, dimanche, à les avancer de 2026 à avril 2024, sans pour autant enrayer les protestations.
"Les manifestations se sont intensifiées depuis le 7 décembre", a relevé la médiatrice de la République, Eliana Revollar, citée par l'AFP. "Au début, il s'agissait d'une petite mobilisation (...) mais les jours suivants, elle est devenue plus importante (...) et plus violente", a-t-elle estimé, précisant que 200 personnes avaient été blessées. "C'est une convulsion sociale très sérieuse, nous craignons que cela ne débouche sur un soulèvement parce qu'il y a des gens qui appellent à l'insurrection, qui demandent à prendre les armes", s'est-elle inquiétée.
L'ex-président reste en prison
La justice a repoussé à jeudi matin l'audience devant statuer sur la demande de détention préventive de 18 mois déposée par le Parquet à l'encontre du président destitué, Pedro Castillo, pendant la nuit de mardi à mercredi. Ce dernier reste pour l'instant incarcéré. La Cour suprême avait ordonné le 7 décembre la détention provisoire de Pedro Castillo pour sept jours. Il devait ainsi en théorie sortir mercredi.
Mardi, un tribunal a déclaré "infondé le recours en appel introduit par la défense" du président destitué. Le juge César San Martin a alors estimé que l'échec de la tentative du coup de force de Pedro Castillo n'excusait pas son crime, soulignant qu'en voulant "instaurer un gouvernement d'exception, l'ex-chef de l'Etat voulait altérer l'ordre constitutionnel".
"Je ne renoncerai jamais et n'abandonnerai pas cette cause qui m'a amené ici. J'exhorte les forces armées et la police nationale à déposer les armes et à cesser de tuer ce peuple qui a soif de justice", s'est défendu Pedro Castillo à l'audience. "Je suis détenu de manière injuste et arbitraire, je ne suis ni un voleur, ni un violeur, ni un corrompu ou un voyou", a-t-il lancé.
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