Trois questions pour comprendre l’accord de paix entre la Colombie et les Farc
C’est un jour historique pour la Colombie. Le gouvernement colombien et la guérilla des Farc ont conclu un accord de paix après quatre ans de difficiles négociations. Avant d'entrer en vigueur, l'accord doit encore être soumis à un référendum début octobre.
La plus vieille guérilla d’Amérique latine est sur le point de disparaître. Le gouvernement colombien et les Farc ont scellé cette nuit un accord de paix. Mais le texte doit encore être approuvé par les électeurs le 2 octobre prochain et la victoire du "oui" n’est pas acquise. Franceinfo vous explique le contenu de cet accord avec Marie Eve Detoeuf, correspondante à Bogota.
Que contient l’accord entre le gouvernement colombien et les Farc ?
Les deux parties ont négocié durant quatre ans. L’accord final parle de développement agraire et de lutte contre la pauvreté dans les zones rurales, là où ont lieu les conflits. Les Farc ont aussi accepté d’abandonner le trafic de drogue qui les a fait vivre pendant des années. L’un des autres points majeurs est la démobilisation des guérilleros. Les Farc comptent encore 8 000 à 10 000 hommes et femmes armés. Il faut donc organiser un regroupement, imposer un cessez-le-feu. L'ONU va organiser la récupération des armes.
Selon l’accord, les guérilleros démobilisés vont pouvoir réintégrer la vie civile. Il est prévu que les Farc deviennent un parti politique avec des sénateurs et des députés.
Peut-on parler de la fin des Farc ?
C’est la fin des Farc en tant que mouvement armé, pour devenir un mouvement politique. On peut imaginer que les Farc vont vouloir garder le même acronyme, mais rien n'est sûr car le groupe n’est pas très apprécié dans l’opinion publique.
Un référendum aura lieu le 2 octobre sur cet accord, la victoire du oui est-elle déjà acquise ?
La population colombienne est amenée à se prononcer sur cet accord de paix. Cela peut paraître paradoxal, mais la victoire du oui n’est pas garantie. Il n’y a pas un mouvement d’enthousiasme pour la paix, car le conflit est rural. Pour la population colombienne, essentiellement urbaine, la guerre est lointaine.
L’autre obstacle, c’est l’ex-président Álvaro Uribe qui fait campagne depuis 4 ans contre ces négociations et accuse le gouvernement de livrer le pays aux "castro-communistes". Il dit qu’il est inadmissible que des criminels puissent être intégrés en politique.
Enfin, le président actuel, Juan Manuel Santos, n’est pas adoré et la situation économique est difficile. Les électeurs ont du mal à distinguer si ce vote sert à dire "oui" à la paix ou "oui" au gouvernement.
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