Violences en Haïti : "Une situation similaire à une guerre civile", alerte Médecins sans frontières
Face à la crise en Haïti, touchée par des violences quotidiennes de la part de bandes criminelles, Médecins sans frontières (MSF) a annoncé mercredi 6 mars le renforcement de sa présence sur place. Une décision prise alors que la situation se tend un peu plus dans ce pays des Caraïbes. Mardi 5 mars, le principal chef de gang, Jimmy Chérizier, alias "Barbecue", qui contrôle une bonne partie de la capitale Port-au-Prince, prévenait d'une possible guerre civile. Sarah Chateau, chargée des opérations de MSF en Haïti, dresse un parallèle avec d'autres conflits auprès de franceinfo.
"Les niveaux d'expositions à la violence à Haïti sont assez équivalents à des guerres comme on a pu voir sur des enquêtes qu'on aurait fait en Syrie en 2014, en Irak, avec des taux de mortalité assez similaires. Donc on est vraiment déjà dans une situation similaire à une guerre civile", alerte-t-elle, alors que près de 5 000 personnes ont été tuées en Haïti en 2023, soit plus du double de 2022.
Un deuxième hôpital ouvert pour prendre en charge les blessés par balles
Le dispositif sur place de MSF est déjà conséquent avec quatre hôpitaux, plusieurs cliniques et près de 1 500 employés. Mais ce n'était plus suffisant, assure Sarah Chateau. "Depuis jeudi (dernier), on reçoit un afflux massif de blessés, principalement des blessés par balles. Donc là, ce qu'on a fait, c'est qu'on a augmenté la capacité d'accueil", explique la chargée des opérations de MSF à Haïti. "Il faut imaginer qu'on reçoit entre 10 et 15 blessés par balles par jour. Donc on a rajouté une vingtaine de lits et on a aussi ouvert un deuxième hôpital pour prendre en charge les blessés par balles. C'était prévu qu'il ouvre mais on a un peu accéléré l'ouverture afin d'augmenter notre capacité d'accueil", détaille-t-elle.
Autre signe manifeste de la réalité de cette guerre : le nombre de réfugiés. Près de 15 000 personnes ont dû fuir Port-au-Prince ces derniers jours selon l'ONU, qui a commencé à leur distribuer nourritures et produits de première nécessité. La violence "est plus qu'insoutenable pour le peuple", a dénoncé le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les droits de l'homme, Volker Türk, précisant que 1193 personnes avaient été tuées depuis le début de l'année, à cause de la violence des gangs.
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