Afghanistan : interview exclusive du président Karzai
Dans les rues de Kaboul, les portraits des 41 candidats dont ceux des deux femmes qui se présentent, s’affichent partout : sur les poteaux électriques, les magasins, les murs, les avenues. C'est le président Karzai qui remporte haut la main la bataille des affiches : on le voit partout entouré d'enfants, parlant devant des micros, ou saluant la foule.
_ A côté de chaque photo des prétendants, il y a un symbole, ici un épi de blé, là un fruit rouge, pour permettre aux personnes illettrées de ne pas se tromper au moment de mettre leur bulletin dans l'urne.
Si l'élection va pouvoir se dérouler sans trop de problèmes dans la capitale afghane et dans le nord de l'Afghanistan, il n'en sera pas de même dans certaines régions du sud du pays.
Selon un document que nous nous sommes procurés, 12 des 34 régions d’Afghanistan, toutes situées dans le sud, sont considérées comme des zones où la menace terroriste est très élevée car contrôlées par les Talibans et où les forces de la coalition ont les plus grandes difficulté à s’imposer. C’est notamment le cas dans les provinces de Kandahar et d'Helmand.
Ailleurs, les Afghans pourront aller voter si tant est qu'ils possèdent une carte électorale. Autour de Kaboul, les militaires français effectuent actuellement une reconnaissance des bureaux de vote. Ils localisent précisément leur emplacement pour pouvoir intervenir au cas où il y aurait des problèmes à l’avenir.
Car tout le monde s’attend à une recrudescence des actes terroristes à l’approche du scrutin. Selon certains observateurs sur place, la situation n’a jamais été aussi tendue en Afghanistan. Les violences ont atteint ces dernières semaines des records absolus depuis la chute des Talibans. Un seul chiffre : les incidents et des attaques contre les forces de la coalition ont augmenté de 58% par rapport à l’an dernier.
Dans une interview qu'il a accordée à l’envoyée spéciale de France Info dans son palais présidentiel à Kaboul, le président afghan Hamid Karzai reconnait que les élections d'aout prochain ne pourront pas se tenir dans tout le pays en raison de l'insécurité qui règne dans certaines régions.
Mais Hamid Karzai compte sur la communauté internationale et notamment sur la France pour que le scrutin se tienne malgré tout. Il a d’ailleurs invité la semaine dernière à Kaboul le professeur de Droit Constitutionnel Guy Carcassonne, qui a participé à la rédaction de la Constitution afghane en 2004.
_ Guy Carcassonne lui a soumis des propositions afin que la campagne électorale soit transparente et équitable pour les 41 candidats. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Hamid Karzai évoque également la stratégie militaire déployée par la coalition et les erreurs commises au cours des 6 dernières années. Il parle aussi de la nouvelle politique que le président américain Obama met en place en Afghanistan et de l’espoir qu’elle suscite.
Valérie Crova
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