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Au Bangladesh, les dommages collatéraux de la guerre d'indépendance

Le Bangladesh, pays à majorité musulmane, vit depuis plusieurs mois au rythme d'affrontements entre la police et des manifestants. En cause, les condamnations de responsables de Jamaat-e-Islami, le plus grand parti islamiste du pays.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Abdul Quader Molla, le N°4 du parti islamiste bangladais Jamaat-e-Islami, arrive à la prison centrale de Dacca, au Bangladesh, le 5 février 2013.  (AFP PHOTO/STR )
La condamnation à la prison à perpétuité d'Abdul Quader Molla, un des dirigeants de ce parti d'opposition le 5 février 2013, a mis le feu aux poudres parmi les partisans de la formation politique. L'homme a été jugé coupable de crimes de guerre lors de la lutte de libération du Bangladesh contre le Pakistan en 1971. Pro-pakistanais, le Jamaat avait fait partie des organisations hostiles à la partition.

Les tensions ont ensuite été exacerbées par la condamnation à la peine capitale, le 28 février du même mois, du vice-président du Jamaat-e-Islami, Delwar Hossain Sayedee. Motif: meurtre, viol et persécutions religieuses durant la même période.


Le «Tribunal international des crimes» du Bangladesh, baptisé ainsi par le gouvernement de Dacca lors de sa création en 2010, a instruit depuis plusieurs mois des procès de presque tout l'appareil politique du parti pour des exactions présumées lors de la guerre d'indépendance.

Selon les autorités, la guerre entre le Bangladesh et le Pakistan, dont le premier n'était alors qu'une province connue sous le nom de Pakistan oriental, a fait trois millions de morts. D'autres sources indépendantes estiment que le bilan s'élève entre 300.000 et 500.000 morts.

Si des organisations de défense des droits de l'Homme jugent que les procédures du tribunal très controversé ne respectent pas les normes du droit international, les autorités bangladaises estiment ces procès nécessaires pour panser les plaies du conflit qui a duré neuf mois. Le Jamaat, lui, qualifie ce tribunal d'entité politisée utilisée par le Premier ministre, Sheikh Hasina, contre ses opposants.


Une grande partie de la population mène de son côté une campagne pour exiger la peine de mort (et non la perpétuité comme dans le cas d'Abdul Quader Molla) pour les coupables de crimes de guerre.

Khulna, au Bangladesh, le 4 décembre 2012. Des militants du Jamaat-e-Islami défilent à l'occasion d'une grève nationale. (AFP PHOTO/ Munir uz ZAMAN )


Les heurts entre la police et les manifestants, qui agitent le pays depuis plusieurs mois, ont fait une centaine de morts et des centaines de blessés, selon un bilan réalisé par les experts indépendants de l'ONU. Ces derniers ont par ailleurs dénoncé des attaques contre des membres de la communauté hindoue et des journalistes.

Dernières violences en date, celles du 29 mars 2013 dans le district de Chapainawabganj. La police a tiré dans une foule de 6.000 villageois qui tentait d'empêcher les arrestations de membres du Jamaat-e-Islami, accusés d'avoir mis le feu à une centrale électrique.

Des grèves de grande ampleur ou des manifestations et des flambées de violences secouent régulièrement ce pays à démocratie instable.

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