Au Laos, les bombes américaines font encore des victimes
Yhong Vueyha se souvient encore du bruit des bombardements américains pendant la guerre du Vietnam. Ce n'est que bien des années plus tard qu'il a été touché. «Je brûlais des poubelles dans mon jardin quand une bombe à sous-munitions enterrée non loin a explosé et m'a arraché le bras», raconte t-il à l'AFP. En plus du traumatisme, l'homme de 63 ans est devenu une «charge» pour sa famille, ne pouvant plus travailler aux champs.
Comme lui, 20.000 Laotiens ont été victimes de ces bombes non explosées depuis la fin de la guerre en 1975. 40% d'entres eux sont des enfants, à l'image de Viet, 13 ans, qui a perdu plusieurs de ses doigts et a dû être hospitalisé.
Le pays le plus bombardé du monde
Le 23 juillet 1962, la conférence internationale de Genève reconnaît au Laos son indépendance et sa neutralité, interdisant toute présence militaire sur son sol.
Lorsque la guerre du Vietnam éclate en 1964, les Etats-Unis bombardent l'est du territoire laotien, malgré son statut. L'opération américaine vise à couper les voies de ravitaillement des combattants nords-vietnamiens, alliés aux comunistes.
En tout, plus de deux millions de tonnes d'explosifs sont lâchés entre 1964 et 1973. Ce qui fait du Laos le pays le plus bombardé au monde.
Environ 30% des bombes n'ont pas explosé. Aujourd'hui, elles sont encore cachées sous terre, essentiellement le long de la frontière avec le Vietnam, comme le montre cette carte de l'AFP.
«Je n'aurai plus jamais la force que j'avais avant, c'est sûr. Mais avoir deux bras à nouveau va vraiment m'aider dans la vie de tous les jours», se réjouit-il.Face à ce fléau, l'ONG locale Cope a mis en place une clinique mobile pour soigner les victimes dans les provinces les plus reculées du pays. C'est comme cela que Yhong Vueyha a pu bénéficier d'une prothèse suite à son accident.
Quarante ans après la fin du conflit, Barack Obama est le premier président américain à s'être déplacé au Laos. Il s'est rendu le 6 septembre 2016 dans la capitale, Vientiane, où il a annoncé une aide à hauteur de 90 millions de dollars sur trois ans. Elle vient s'ajouter aux 100 millions de dollars que Washington a investi depuis 20 ans dans la recherche des restes explosifs de la guerre.
«Les Etats-Unis aident le Laos à se débarasser des munitions qui n'ont pas explosé, qui représentent une menace pour la population et affectent le développement économique», a fait savoir la Maison Blanche.
Grâce aux actions de déminage et de sensibilisation, le nombre de personnes victimes d'une explosion serait passé de 300 par an en 2008 à 50 depuis 2013. Des chiffres encourageants, mais en dessous de la réalité : rien que sur l'année 2015, l'association Quality of Life for UXO Survivors a dénombré 46 victimes qui n'avaient jamais été recensées.
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