Azerbaïdjan : une élection gagnée, et annoncée d’avance
Si la campagne a été marquée – comme souvent dans ce pays où le pouvoir est tenu depuis la fin des années 60 par le clan Aliev – par l'intimidation de militants des droits de l’Homme et des journalistes, on savait les résultats du scrutin pliés d’avance. La victoire du satrape, en route pour un 3e mandat, ne faisait aucun doute.
Mais ce qui est une première en Azerbaïdjan, c’est la publication des résultats du vote, 24h avant même le commencement du scrutin, comme le détaille le Washington Post.
Pour que la population puisse suivre en direct le déroulement du vote, la Commission électorale azerbaïdjanaise a créé une application pour Smartphone. Seulement voilà, elle a fait la bourde d’annoncer «que le chef de l’Etat sortant avait raflé 72,76% des suffrages face à son principal challenger Jamil Hasanli qui, lui, ne comptabilisait que 7,4% des voix», comme l’indique France 24.
Face à cette fatale erreur, la Commission a tenté de rattraper le coup en publiant un démenti. La version officielle : le développeur de l'appli a envoyé les résultats des élections de 2008 dans le cadre d'un test. Sauf qu’à cette date, le président Aliev avait été élu avec 87% des suffrages «et que les candidats en lice face (à lui) n’étaient pas les mêmes», précise le site de la chaîne.
Le 10 octobre, la Commission électorale centrale annonçait la victoire assurée d’Ilham Aliev, avec quelque 84,6% des voix, après le dépouillement de 98% des bulletins.
Donc, bien que le nouveau président voie dans cette élection le «triomphe de la démocratie» en Azerbaïdjan, où «le vote (a été) libre et transparent», on ne peut que constater qu’il s’agit d’une valeur à géométrie variable.
Démocratie saluée pourtant par le président russe Vladimir Poutine, qui s’y connaît en la matière... Ce dernier y a vu une victoire «convaincante» témoignant du «niveau d'autorité politique élevé» de M.Aliev et d'«un soutien actif de sa politique par la population».
Pour sa part, la mission d'observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ne semble pas de cet avais. Elle fait état de «manipulations avec des listes électorales», en qualifiant de «mauvais ou très mauvais» le dépouillement des bulletins dans «58% des bureaux de vote observés».
En conclusion : ce couac et les résultats du scrutin risquent de ne guère trouver d’écho. Selon des experts, le chef de l’Etat devra continuer sa politique prudente, préservant les ventes de pétrole à l'Europe et l'alliance avec les Etats-Unis, tout en évitant d'irriter le grand voisin russe. Et tout continuera comme avant !
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