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Disparition du Boeing de Malaysia Airlines : les scénarios qui émergent

Le Boeing 777, avec 239 personnes à bord, a disparu depuis samedi, alors qu'il volait entre Kuala Lumpur et Pékin. 

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Un membre d'équipage de l'aviation vietnamienne inspecte les eaux pour retrouver le Boeing de Malaysia Airlines disparu, le 11 mars 2014. (HOANG DINH NAM / AFP)

Quatre jours de recherches, en vain. Les autorités vietnamiennes, chinoises, et malaisiennes ont beau quadriller la mer, le Boeing 777 de la compagnie Malaysia Airlines, disparu samedi 8 mars au large de la Malaisie, reste introuvable mardi.

Que s'est-il passé ? Sans trace de l'avion, les enquêteurs piétinent, mais certains éléments ouvrent toutefois des pistes. Francetv info détaille les différents scénarios évoqués. 

1Une avarie matérielle

Malgré les recherches, aucune trace de l'appareil n'a, mardi, été retrouvée. Les débris évoqués dimanche par les autorités vietnamiennes n'ont rien à voir avec l'avion, tout comme la nappe d'huile relevée en mer. Ce qui semblait être un canot de sauvetage s'est aussi révélé être un bouchon de bobine de fil entouré de mousse. Cette absence d'éléments concrets fait pencher les enquêteurs vers la piste d'une désintégration de l'avion en plein vol, sans doute due à un ou des problèmes mécaniques. 

Cette hypothèse est renforcée par l'absence de messages de détresse lancés par le pilote, pourtant expérimenté. Cela "suggère un événement qui s'est produit de façon violente et soudaine", indique William Waldock, professeur de sûreté aérienne interrogé par The Herald (en anglais). Dans ce cas, plusieurs thèses sont envisageables. 

Une dépressurisation de la cabine. L'appareil a, par exemple, pu rencontrer un défaut majeur de structure, comme en avril 2011 à Phoenix (Etats-Unis). Un Boeing 737, avec 118 personnes à bord, avait dû procéder à un atterrissage d'urgence en raison d'un trou dans son fuselage, causant une décompression de la cabine. Mais selon un expert, cité par The Herald, ce risque concerne plutôt les vols courts, multipliant les décollages et atterrissages. 

Une panne générale. L'hypothèse d'une panne générale de tous les systèmes électriques est aussi avancée. Cela s'est déjà produit en janvier 2008, sur le même modèle d'appareil. Un Boeing de British Airways s'était écrasé avant d'atteindre la piste d'atterrissage de l'aéroport d'Heathrow (Londres) à cause d'une avarie moteur due à la formation de glace dans le système d'alimentation. Mais une panne des moteurs, même à haute altitude, aurait laissé assez de temps au Boeing malaisien pour chercher un endroit où atterrir et, surtout, lancer un appel de détresse.

Une explosion liée à une avarie. Un problème technique a aussi pu causer une explosion, responsable de la disparition brutale des radars du Boeing. C'est ce qui est arrivé, en 1996, à un Boeing 747-131 reliant New York à Rome, rappelle Le Figaro. L'avion avait explosé au-dessus de l'île de Long Island, à cause d'une défaillance du réservoir central.   

2Une explosion due à un acte terroriste 

La piste terroriste a rapidement été évoquée par les autorités malaisiennes, intriguées par la présence de plusieurs passagers voyageant sous de fausses identités. Une bombe aurait pu faire exploser l'appareil, comme ce fut le cas en 1988 pour un Boeing 747-100 de l'ancienne compagnie américaine Pan Am. Là encore, l'appareil, qui reliait Londres à New York, avait disparu des écrans radar au-dessus de Lockerbie, en Ecosse. L'enquête avait conclu à un attentat.

Cette hypothèse convainc Christophe Naudin, spécialiste de la sûreté aérienne, qui s'interroge de l'"arrêt brutal de tous les types de communication du vol", sur RFI"Cela rappelle quand même violemment les stratégies qui ont été employées dans le début du siècle par les organisations criminelles qui voulaient effectivement abattre des avions", estime-t-il, précisant que la revendication de tels actes peut arriver tardivement. 

Le chef de la police d'Interpol a écarté cette piste, mardi. Les identités usurpées ne signifient pas forcément des velléités terroristes. Ainsi, l'un des deux passagers voyageant avec un passeport volé est un Iranien de 19 ans, sans lien apparent avec un groupe terroriste. Selon les premiers éléments, il cherchait à émigrer en Allemagne. Mais quelques heures plus tard, le directeur de la CIA a affirmé qu'il "n'écarterait pas" cette piste. "Il y a beaucoup de spéculations en ce moment, des revendications qui n'ont pas du tout été confirmées ou corroborées", a-t-il expliqué. 

Par ailleurs, la police malaisienne étudie avec soin la personnalité des membres d'équipage, n'excluant pas un geste de folie ou de désespoir à l'origine de l'accident. 

3Un détournement à l'issue encore inconnue

Un autre scénario se fait jour : celui d'un détournement à l'issue fatale. Les experts s'appuient sur des analyses radar montrant que l'appareil de Malaysia Airlines aurait tenté de faire demi-tour, quelque temps après son décollage de Kuala Lumpur. Mais cette volte-face aurait dû entraîner une alerte. "Ce virage indiqué par le radar, est-ce un demi-tour ou une chute ?", s'interroge ainsi Gerry Soejatman, un expert indépendant basé en Indonésie, cité dans L'Express.

Lundi, une information indiquant que les téléphones portables de 19 passagers fonctionnaient toujours a alimenté d'innombrables spéculations sur le sort de l'appareil. Parmi elles, une hypothèse presque insensée, étayée par le Financial TimesSelon le journal, des pirates de l'air, avec des connaissances en aéronautique, ont pu couper toutes les communications et voler le reste de la nuit en dissimulant l'avion. L'appareil pourrait alors se trouver à plus de 5 500 km de la Malaisie, après avoir atterri ailleurs.

The Guardian (en anglais) se montre lui plus terre-à-terre. L'appareil a pu simplement être "dirigé dans la mer" de façon délibérée, soit "sous la contrainte", soit "par un pilote kamikaze".

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