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Elections aux Philippines: une collection de candidats originaux ou dérangeants

Mai 2016 sera un mois chargé en élections pour les Philippins. Ils vont en effet devoir élire leur président, leur vice-président, les gouverneurs locaux, mais aussi renouveler le Sénat et l'Assemblée. Des scrutins auxquels se présentent des personnalités, dont le fils de feu le dictateur Marcos, qui seront davantage jugées sur leur mine que sur leur programme. Une tradition dans l'archipel.
Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Le sénateur Ferdinand «Bongbong» Marcos, fils du dictateur défunt Ferdinand Marcos, est candidat à la vice-présidence des Philippines. (REUTERS)

Des nombreux scrutins prévus en mai – en tout 18.000 sièges à pourvoir dans un pays qui compte près de 100 millions d'habitants –, la présidentielle est le plus attendu car il s'agit de désigner le successeur de Benigno Aquino, crédité par les capitales étrangères d'un très bon mandat en ce qui concerne le combat contre la corruption et la croissance économique.

S'agissant de la corruption, endémique dans cette ancienne colonie espagnole puis américaine, les résultats du «combat» fluctuent au gré des scandales publiés par la presse. Ainsi, dans le tableau annuel publié en janvier 2016 par l'organisation Transparency International, qui calcule la perception de la corruption par les citoyens, les Philippines sont passées de la 35e place en 2014 à la 95e en 2015.

Côté croissance, le rebond attendu en 2016 est de 6,3%, selon le MOCI (Moniteur du commerce international). Un résultat prometteur compte tenu des dégâts considérables provoqués par le passage ravageur, fin 2013, du typhon Haiyan, l'un des plus puissants jamais enregistrés, puis de Yolanda en 2014. La menace climatique représente désormais une donnée incontournable de l'économie philippine.

Au bout du compte, un bilan globalement positif qui vaut à Benigno Aquino une grande popularité. Elu en 2010, le président sortant se serait d'ailleurs bien représenté, mais la Constitution ne lui autorise qu'un seul mandat de six ans.

Des candidats loin d'être irréprochables
Parmi les quatre principaux candidats pour succéder à M.Aquino, se présente son ancien allié, l'actuel vice-président Jejomar Binay, 73 ans. L'homme, né pauvre, dirige aujourd'hui le principal parti d'oppposition, devenant l'un des responsables politiques les plus puissants de l'archipel.

Février 2016 à Mandaluyong city (province de Manille): l'actrice Ai-Ai de las Alas chante en soutien à Jejomar Binay, actuel vice-président, candidat à la présidence des Philippines, lors des élections générales du mois de mai.  (Janis ALANO / REUTERS)

M. Binay mène sa campagne de main de maître mais depuis peu, il est la cible de multiples accusations de corruption. Il est soupçonné d'avoir perçu des pots-de-vin en tant que maire de la capitale financière du pays, Makati, et une commission sénatoriale a récemment recommandé qu'il soit inculpé. L'intéressé dément avec force.

Dans l'archipel philippin composé de plus de 7000 îles, les fonctions de président et de vice-président font l'objet de deux scrutins séparés. 

Chacune des consultations draine des candidatures hautes en couleurs ou perturbantes, à commencer par celle du fils du dictateur défunt Ferdinand Marcos, qui brigue la vice-présidence. Son père et sa mère, Imelda, sont accusés d'avoir détourné des milliards de dollars de fonds publics et permis des abus des droits de l'Homme généralisés. Mais le sénateur Marcos, 58 ans, assure qu'il n'a pas à s'excuser pour le passé et compte sur les électeurs nés après 1986 pour cimenter le come-back politique de la famille.

Les élections aux Philippines, c'est «comme un cirque»
Il y a aussi la tentative d'entrer au Sénat de Manny Pacquiao, fort de huit titres de champion du monde de boxe. Et que dire aussi des efforts de l'ex-présidente Gloria Arroyo pour conserver son siège de parlementaire alors qu'elle est derrière les barreaux en raison de soupçons de corruption? Enfin, que penser des candidatures aux municipales de deux inculpés pour meurtre?

Aux Philippines, le champion de boxe Manny Pacquiao, 37 ans, brigue un siège de sénate​ur aux élections générales de mai 2016. (Erik de CASTRO / REUTERS)

Les élections – c'est une tradition aux Philippines – ne se jouent en général pas sur des questions d'idéologie ou de programme, mais sur le nom et le charisme, selon les spécialistes de la vie politique de l'archipel.

«Aux Philippines, les élections sont comme un cirque dans lequel les candidats tentent d'attirer l'attention par leurs performances», explique Earl Parreno, expert à l'Institut pour la réforme politique et économique à Manille, interrogé par l'AFP. «Programmes et politiques sont secondaires... C'est un concours de personnalités», résume-t-il.
 
Benigno Aquino avait triomphé voici six ans grâce à la popularité de ses défunts parents, l'ex-présidente Cory Aquino et l'ancien sénateur assassiné Benigno Aquino. Le couple avait pris la tête du mouvement prodémocratie qui avait poussé les Marcos à fuir et s'exiler aux Etats-Unis en 1986.

Trente ans plus tard, le nom de Marcos revient une nouvelle fois dans l'histoire des Philippines.

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