En Chine, petits et grands tracas sous un nuage de pollution
L'épais brouillard de particules nocives a recouvert une nouvelle fois Pékin et sa région, au grand dam des habitants.
La Chine suffoque. Pour la quatrième fois depuis le début de l'hiver, Pékin et le nord-ouest du pays se sont retrouvés enveloppés par le smog, un épais brouillard de particules nocives. Si la situation s'améliore, l'indice de la qualité de l'air (AQI) de l'ambassade américaine, scruté par les Pékinois, affichait toujours un chiffre qualifié de "mauvais pour la santé", jeudi 31 janvier. Le phénomène, renommé "airpocalypse", bouleverse le quotidien des habitants, confrontés à une pollution trop importante.
Une pollution au-delà des limites
Ces derniers mois, la pollution atmosphérique en Chine a atteint un tel niveau qu'il a dépassé les prévisions des outils de mesure. C'est ce qu'indique le Washington Post (en anglais), lundi 28. Ce jour-là, la concentration de particules novices dans l'air, dont l'indice est affiché par l'ambassade des Etats-Unis, a atteint 517 microgrammes par m3. L'échelle ne va pas au-delà de 500 et considère que tout autre chiffre est "hors-indice".
Pas de promenade sans protection
C'est désormais un impératif : les Pékinois ne s'aventurent plus dehors sans avoir revêtu un masque leur cachant la bouche et le nez. Quand ils sortent. La municipalité de Pékin a appelé mercredi la population - notamment les enfants - à rester cloîtrée chez elle, le temps que le brouillard se dissipe. L'air, vicié, est devenu irrespirable. Les masques de papier blanc se multiplient donc dans les rues chinoises, et leurs propriétaires rivalisent d'ingéniosité pour les transformer en véritables accessoires de mode.
Ruée sur les canettes d'air pur
Malgré les masques et les appels au confinement, les pics de forte pollution ont provoqué un afflux dans les hôpitaux de patients en détresse respiratoire. Mais certains habitants gardent leur humour. Pour faire face à la situation, le milliardaire Chen Guangbiao a distribué des canettes d'air pur, à ouvrir ou boire, dans les rues de Pékin. Objectif : faire prendre conscience aux Chinois qu'ils ne protègent "pas assez l'air".
L'ONG Clean Air Asia s'est elle aussi émue des effets de la pollution atmosphérique sur la santé et a lancé sur internet une campagne pour dénoncer la situation. L'association a imaginé un scénario ubuesque, prévoyant que le corps humain s'adapterait à la mauvaise qualité de l'air en rallongeant les poils de nez. Pour éviter cela, elle invite ses concitoyens à agir pour l'environnement.
Pollution et incendie, même odeur
Trop de brouillard nuit à la sécurité. Les Pékinois l'ont appris à leurs dépens quelques jours après un pic de pollution, à la mi-janvier. Courrier international raconte qu'une usine de meubles située dans la province du Zhejiang (Est) a brûlé pendant plus de trois heures, lundi 14 janvier, sans que personne ne s'en rende compte. L'agence officielle Chine nouvelle (en anglais) avance une explication : aucun voisin n'est parvenu à distinguer l'odeur de brûlé de celle de la pollution. Les pompiers ont mis dix heures à éteindre le feu.
Carambolages en série
Monter dans sa voiture relève presque du défi, lors que le smog recouvre la ville. Jeudi, quarante voitures se sont percutées sur une autoroute de Tianjin en raison de la très mauvaise visibilité.
De nombreux accidents de ce type ont eu lieu depuis les premiers pics de pollution. La purée de pois a aussi causé la mort de deux étudiants, percutés par un train à Chaohu (Est), après un pic de pollution, le 12 janvier.
Un Nouvel An moins festif
Surtout, le brouillard polluant pourrait perturber les festivités du Nouvel An asiatique, prévu le 10 février. D'après le Guardian (en anglais), qui cite un responsable municipal de Pékin, les autorités pensent interdire les traditionnels feux d'artifice "afin d'améliorer la qualité de l'air et (...) créer un environnement favorable pour vous et votre famille". Ces tirs, qui durent plusieurs jours, contribuent à obscurcir le ciel de milliards de particules supplémentaires. Ce dont les Pékinois n'ont pas vraiment besoin.
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