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Indonésie: la culture sur brûlis, fléau pour l'environnement et la santé

Comme chaque année pendant la saison sèche, l’Indonésie est ravagée par des incendies de forêts et de terres agricoles. En cause: la culture sur brûlis, vivement critiquée par la communauté internationale. Cette technique agricole primitive et illégale est pratiquée dans les zones tropicales pour étendre la culture d'huile de palme dont l'Indonésie est le premier producteur mondial.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Comme chaque année pendant la saison sèche, l’Indonésie est ravagée par des incendies de forêts et de terres agricoles provoqués par la culture sur brûlis.  (STR / AFP)

Depuis plusieurs semaines, une épaisse fumée blanche obscurcit le ciel indonésien et celui de ses voisins. Le phénomène, qui se répète au moment de la saison sèche, provient de la culture sur brûlis. Cette technique agricole consiste à mettre le feu pour défricher et fertiliser des terrains et des espaces boisés. 

Les flammes défrichent en quelques heures des zones que des équipements lourds comme des bulldozers mettraient beaucoup plus de temps à déforester. Autre bénéfice aux yeux des femiers locaux: la cendre fertilise leurs terres.


Ces feux se sont multipliés sur les îles de Sumatra et Kalimantan, partie indonésienne de l'île de Bornéo. Ils ont des répercussions sur la santé des habitants chez qui la fumée provoque des pathologies respiratoires. Des centaines d'écoles ont dû fermer jusqu'en Malaisie, et le manque de visibilité a entraîné l'annulation et le retard de nombreux vols. A Singapour, en face de l'île de Sumatra, les gratte-ciel du quartier d'affaires sont enveloppés d'épaisses colonnes de fumée blanche.


La qualité de l'air a menacé l'unique course nocture de Formule 1 qui a finalement eu lieu le 20 septembre 2015. Les fumées représentaient un «gros risque» pour la santé des pilotes, selon les organisateurs du Grand Prix qui se sont réjouis d'une amélioration du taux de pollution après des pluies torrentielles.


Le président indonésien Joko Widodo a ordonné des renforts de l'armée sur l'île de Sumatra et «des mesures fermes contre les responsables de feux de forêts». Le ministère indonésien de l'Environnement a décidé, le 21 septembre 2015, de révoquer la licence du fournisseur de bois indonésien Hutani Sola Lestari, basé à Sumatra, tandis qu'une quinzaine d'autres sociétés et une centaine de personnes, soupçonnées d'être à l'origine d'incendies, font l'objet d'une enquête, selon les autorités.



Ces incendies ont connu leur apogée en 1997 et 1998. Des feux gigantesques s'étaient alors propagés obscurissant le ciel d'une partie de l'Asie du Sud-Est pendant des mois, provoquant de nombreuses perturbations au niveau de la santé publique et du trafic aérien, et causant des pertes économiques estimées, à 9,3 milliards de dollars. La situation s'était aggravée avec le courant chaud d'El Nino.

5e émetteur de gaz à effet de serre
​L'Indonésie est le premier producteur mondial d'huile de palme, produit aux multiples usages (cosmétiques, alimentaires, biocarburants), dont l'exploitation est controversée. L'extension de palmeraies dans ce vaste archipel se fait souvent aux dépens de forêts tropicales où la faune et la flore sont riches mais menacées.

Jakarta,  cinquième émetteur mondial de gaz à effet de serre, s'est engagé à réduire ses émission de 29% d'ici 2030. Le pays promet de porter son objectif à 41% s'il bénéficie d'une aide financière internationale. Sans toutefois dire comment il compte lutter contre les incendies de forêt d'origine agricole qui contribuent largement à émettre des gaz à effet de serre.

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